Dans les rétros de… Romain Brandela

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A tous les Passionnés, à toutes les Passionnées,

 

Le site IntenseMans.fr a le privilège de partager avec vous des interviews exclusives avec des pilotes ayant marqué l’histoire contemporaine des 24h.

 

Ces chroniques s’appellent « Dans les rétros de… » et donnent la possibilité à ces deniers :

 

  • De revenir sur leurs parcours sportifs (de leurs débuts jusqu’à leurs activités du moment),
  • D’évoquer leurs différentes participations aux 24 Heures,
  • De nous faire part de leurs visions des changements à venir en ce qui concerne les courses d’Endurance et enfin,
  • De leur donner une « Tribune Libre » dans laquelle chacun d’entre eux a tout loisir d’évoquer un sujet qui tient à Cœur.

 

Pour ce tout premier article, nous avons l’Honneur de rencontrer Romain Brandela.

 

Agé de 47 ans, Romain a réalisé trois belles prestations sur le Circuit de la Sarthe en finissant toujours classé (deux fois en LMP2 et une fois en LMGTE AM).

Si nous devons évoquer très brièvement un des faits les plus marquants, tout le monde se rappellera de cette SUBLIMISSIME Corvette Larbre Competition Art Car… Nous y reviendrons un peu plus tard.

 

 

Romain, avant tout, merci beaucoup de nous accorder quelques précieuses minutes de votre temps. Nous sommes réellement enchantés et heureux de commencer avec vous cette série de sujets évoquant le parcours de pilotes ayant leurs noms inscrits sur le Registre des Pilotes des 24h.

 

Merci à vous! Cela me fait également plaisir de partager quelques-uns de mes souvenirs en Sport Auto et notamment, concernant cette superbe course que sont les 24h du Mans.

 

Vos débuts dans le Sport Auto : nous sommes début 2000 et comme une grande majorité de pilotes vous commencez en Karting puis enchaînez en Formule France, 206 CC, Championnat de France Historique (ce qui m’a d’ailleurs appris à respecter la mécanique) et le Championnat de France GT.

Les années passent et nous voici début 2010 et les courses d’Endurance commencent progressivement à s’inscrire dans votre Palmarès. Commençons par évoquer les éditions de 2013 et 2014 durant lesquelles vous avez piloté deux LMP2.

 

L’aventure du Mans commence effectivement pour moi en 2013 au sein de l’équipe Luxembourgeoise DKR Engineering, à l’époque Rookie au Mans (c’est d’ailleurs sa seule entrée aux 24h). Je partage alors le volant avec Olivier Porta qui connait déjà la course et un Gentleman Driver / Chef d’Entreprise Stéphane Raffin.

La voiture, une Lola B11/40 #39 moteur Judd BMW, n’est clairement pas la plus compétitive du plateau mais avec laquelle nous avons réussi à voir l’arrivée après une course pleine de rebondissements et d’ascenseurs émotionnels. Ce sont d’ailleurs toutes ces émotions qui ont marqué ma « Première fois au Mans ».

 

 

Déjà, concernant mon arrivée au sein du Team car c’est Olivier (mon beau-frère) qui me contacte en tout début d’année pour me préciser qu’une place est libre afin de piloter un Proto P2 en LMS et au Mans alors qu’à ce moment, je n’en ai jamais piloté. Je ne suis également pas assez « affûté » pour affronter ce Mythe, cette Légende que sont les 24h, d’autant plus que la course de début de Championnat (Silverstone) ne nous a pas permis de faire les setups nécessaires.

Ensuite, concernant la voiture en elle-même qui avait été récupérée (en pièces) en Italie par Ibanez Compétition puis remontée dans un petit garage du 95 juste avant le début du Championnat LMS.

Enfin, concernant la course en elle-même qui fut réellement éprouvante mais quel bonheur de finir (38ème) au sein de ce team « familial »… Et d’ailleurs, nous avons même réussi à déjouer tous les pronostics de ceux qui ne nous voyaient pas finir la course et même abandonner les premiers!

Pour finir, une dernière chose qui m’a énormément marqué durant cette édition (et qui nous a tous marqué d’ailleurs), c’est la sortie de piste de Simonsen, qui est intervenue en tout début de course, au niveau du virage du Tertre Rouge. Psychologiquement, ça marque énormément et ça remet en place.

 

Voici une vidéo présentant l’aventure du Team et de Romain en 2013 :

Nous voici maintenant en 2014.

 

Un ingénieur avec qui je roule en GT me met en relation avec Benoît Morand (team NewBlood by Morand Racing) et me voici embarqué dans une saison LMS avec des team-mates absolument incroyables.

 

D’un côté, Christian Klien qui comptait 4 saisons de F1 à son actif et deux années en Endurance chez Peugeot Sport au volant de la 908 HDi FAP. De l’autre côté, Gary Hirsch, jeune, compétiteur et très talentueux. Les deux avaient une confiance incroyable en la voiture et en leur capacité à la pousser à fond et cela s’est vu durant le Prologue au Castellet et dans les premières courses du Championnat où nous finissons extrêmement bien placés.

De mon côté, je fais de mon mieux afin de suivre et égaler les perfs de mes coéquipiers mais là se ressent la différence entre un pilote Platinium (Christian), Silver (Gary) et un Bronze (moi-même donc) ; les deux premiers ayant plus de « moyens » pour performer. Par cela, j’entends moyens physiques et moyens financiers : le Cash en Sport Auto, surtout à ce niveau de compétitivité, reste une donnée vraiment importante et peu potentiellement influencer la confiance d’un pilote et donc sa manière de piloter car toute touche sur la voiture se paye au prix fort, dans tous les sens du terme…

 

 

 

D’ailleurs, en parlant de la voiture, elle est tout simplement superbe et très compétitive : il s’agit toujours d’une motorisation Judd BMW, châssis / carrosserie badgé Morgan et conçu par Onroak Automotive. D’ailleurs, en 2013 comme en 2014 le fait d’avoir une motorisation BMW a bien aidé afin d’avoir le « support » de la marque et notamment du Showroom BMW Georges V Paris.

 

 

 

 

 

 

 

 

Tout est donc présent pour appréhender les 24h de la meilleure manière qui soit et potentiellement gagner la Catégorie LMP2, mais il me faut encore gagner en confiance (surtout au niveau des virages Porsche) et en roulage. Mais ce n’est pas forcément ce qu’il se passe car je conduis que trop peu la voiture durant les différentes phases d’essais.

Durant la course, le Team se bat contre les meilleurs P2 et ça apporte beaucoup en terme de confiance. Je me sens « fort » et le fait de savoir que nous nous battons à armes égales avec la concurrence (ce qui n’était pas forcément le cas l’année passée) me permet de tout donner et même me dépasser.

Nous finissons, sans avoir eu à affronter de trop nombreux faits de courses, à une belle 10ème place au général et 6ème dans la catégorie. L’expérience reste fabuleuse, l’histoire est incroyable, car si on m’avait dit jour je finirais dans les 10 premiers du classement général des 24, j’aurais eu du mal à le croire.

 

Voici une vidéo présentant l’aventure du Team et de Romain en 2014

Nous voici donc en 2017. En toute modestie, quel éclair de génie… Tout simplement…

Pouvons-nous revenir sur le rôle que vous avez joué dans le développement de cette Art Car. C’est un de vos contacts qui vous a mis en relation avec Ramzi Adek, qui est l’Artiste à qui nous devons le graphique hors du commun de Corvette C7.R Z06.

Il a un style bien particulier mêlant Street-Art / Pop-Art / Graffiti en y incorporant une touche de références à la Culture US.

 

Mes deux premières fois au Mans se passent dans des Teams ayant des philosophies bien distinctes : la première est familiale avec pas forcément beaucoup de moyens alors que la seconde est hyper pro mais je me sens pas spécialement à l’aise en évoluant dans cet environnement.

Et donc arrive 2017, enfin plutôt fin 2016, s’il faut vraiment revenir à l’origine de mon engagement.

Jack Leconte, le propriétaire de Larbre Compétition (Team qui compte déjà 23 participations au Mans à ce moment-là) me contacte (sous les bons conseils de Pierre Ragues) car un pilote Japonais s’est rendu « indisponible ». J’arrive donc dans le Team, j’enchaîne les dernière courses du Championnat qui se disputent au mois de Novembre à Shanghai et à Bahreïn et à chaque fois nous finissons la course.

 

A ce moment-là, il se passe quelque chose : cela matche vraiment bien avec le Team / le Staff car c’est le mix parfait de mes deux précédentes éditions : un team familial (comme en 2013) mais structuré comme de vrais pros (comme en 2014) et avec une voiture compétitive. C’est le TOP à mes yeux.

Arrive donc l’année 2017 et comme à chaque début de saison, il faut monter les dossiers pour démarcher les différents partenaires. Je travaille alors chez BMW et tout le monde connaît le passé de la marque aux 24h, notamment pour avoir présenté de magnifiques Art Cars dans les années 70s, en 1999 et en 2010. Je me dis alors qu’il y a un coup à jouer sur ce sujet pour faire parler de la voiture et avoir un maximum de visibilité. Je me tourne donc vers une de mes chefs de projet et lui demande si elle ne connait un artiste avec un style urbain / Graff qui serait disponible pour faire la déco d’une voiture qui doit courir au Mans.

 

Elle me transmet les coordonnées de Ramzi Adek.

 

La rencontre se fait, nous échangeons sur le projet, sur tout ce que cela peut impliquer et l’aventure de la Corvette C7.R Human Art Car est lancée! Je lui ai simplement donné les éléments que je souhaitais voir sur la voiture et c’est son talent qui a parlé et sincèrement, quelle réussite!!!

 

Autre anecdote qui a son importance dans le déroulé du projet : je rentrais chez moi un soir et je voyais des gens avec des gilets phosphorescent (je ne sais plus trop à cause de quoi) et je me suis dit que ce serait vraiment marrant d’intégrer des touches phosphorescentes afin que la voiture ait un rendu différent le jour et la nuit. Je passe l’information à Ramzi Adek et il intègre cette notion au projet. C’est sublime!

 

Arrive donc la semaine du Mans et tout se passe comme prévu : la public est conquis et la presse parle de nous… Et s’il y a bien une image que je garderai toujours en mémoire c’est le regard des enfants sur la voiture. C’est magique, Le Mans est MAGIQUE, quel que soit l’âge.

 

 

 

 

Nous avons la visibilité souhaitée mais reste à affronter la course. Les essais libres se passent vraiment bien tout comme les qualifs et nous réussissons à prendre la première place de la Catégorie sur la grille de départ devant Aston Martin, Ferrari, Porsche!

La course part mais la chaleur est absolument insupportable dans l’habitacle (la climatisation tombe en panne) et c’est vraiment très éprouvant pour nous trois et surtout pour Christian (le troisième pilote) qui ne connaît pas les 24h et qui n’est pas forcément assez préparé pour affronter de telles conditions. La voiture souffre pas mal aussi mais nous finissons la course!

 

Voici une vidéo présentant l’aventure du Team et de Romain en 2017

Quelle place occupe les 24h du Mans dans votre Histoire / Palmarès. Considérez-vous cela comme un accomplissement ou comme la suite du travail que vous avez mené depuis vos débuts en Sport Auto ?

 

Pour faire simple, Le Mans, c’est une véritable « machine à lavée » ; un monde parallèle à la réalité du quotidien. Pesage, essais libres, qualificatifs, parade des pilotes, course : tout est hyper timé et file à une vitesse incroyable.

Les sollicitations sont multiples que ce soit pour les partenaires, l’ACO, la Presse et les fans aussi. Mais c’est ce qui fait la magie du Mans car même après avoir participé à de nombreux championnats et à neuf 24h de Spa, je n’ai jamais rencontré une telle charge émotionnelle et physique. Quel bonheur, quel MYTHE!!!

Et s’il fallait reprendre quelques mots de Stéphane Raffin pour évoquer les sentiments : Fierté, Honneur, Angoisse, Emotions.

Affronter les 24h, c’est gravir son Himalaya.

 

Bientôt 2023, bientôt le centenaire des 24 Heures du Mans.

Quels peuvent bien être les souhaits, les rêves, les envies d’un pilote ayant déjà couru au Mans?

 

Même si ça fait du mal d’en parler (sourires) en 2023 j’aurai 50 ans.

Ce serait effectivement un magnifique projet que revenir au Mans avec une Art Car! Et si j’ai le choix, ce serait sur une Porsche : ça reste une marque phare dans le monde du Sport Auto et même de l’automobile en général! Quelle gueule et quel bruit.

Ne reste plus qu’à démarcher et trouver les partenaires.

 

Nous arrivons à la fin de cet entretien… Romain, merci beaucoup pour votre patience, votre disponibilité et votre sympathie.

Donc comme évoqué un peu plus haut, nous nous donnons RDV en 2023 sur une sublimissime Porsche Art Car?

 

Et bien écoutez, avec PLAISIR!

J’ai bien fait les 90 ans du Mans en 2013, ce serait normal que je revienne en piste en 2023!!! le RDV est pris (sourires).

 

Crédit photo : Nicolas Trefou, Vincent Laplaud, Michel Faust, Vincent Trottain, Frederik.

Documents : Cartes NewBlood By Morand Racing / Dossier Presse Human

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