Du 15 au 17 septembre s’est déroulée la 51ème édition du Circuit des Remparts d’Angoulême.
Avec 11 000 entrées payantes le dimanche, jour des courses sur le circuit, la foule présente en centre ville pour profiter des différentes expositions gratuites, du concours d’élégance le samedi, des balades et autres festivités, sans compter les diverses concentrations de clubs, l’évènement a été un véritable succès.
Décidément, en cette année 2023, l’engouement pour l’Automobile Ancienne ne se dément pas, et le public aura été au rendez-vous quel que soit le meeting proposé. Dans cette période d’autophobie ambiante, cet état de fait est plus que rassurant et montre, de nouveau, que notre passion a un bel avenir.
Je vous propose un petit retour, en images, sur la manifestation. Comme toujours, n’hésitez pas à cliquer sur les photos pour les voir en grand format, puis à retourner en arrière pour revenir à l’article.
La photo illustrant l’article montre la sublime Delage 15S8 alignée lors du Plateau Marc Nicolosi. En 1926, l’ingénieur Albert Lory conçoit une biplace de Grand Prix en collant au plus près des possibilités offertes par le nouveau règlement. Mais malgré des qualités évidentes leur permettant de s’imposer dès la première année, les Delage 1500 Grand Prix se montrent finalement trop radicales dans leur configuration (moteur, boite et échappement placés trop du pilote provoquant brulures et intoxication).
Après avoir paré à l’urgence, Albert Lory va modifier les quatre 15S8 pour la saison 1927 et l’ingénieur de 31 ans va peaufiner son chef-d’œuvre.
Delage fait l’impasse sur la première course de la saison, les 500 Miles d’Indianapolis, puis Robert Benoits va ensuite remporter les Grand Prix de l’ACF à Montlhéry, d’Espagne à Lasarte, d’Italie à Monza et du R.A.C. de Grande Bretagne à Brookland. Delage est sacré champion du monde des constructeurs en Grand Prix et, pour avoir remporté, pour la première fois, tous les Grand Prix de la saison européenne, Robert Benoist reçoit la légion d’honneur.
Après un telle réussite et avec une situation financière de l’entreprise aidant à la décision, Louis Delage ferme son département course au début de 1928, les 15S8 sont vendues à des privés.
Malcolm Campbell, Lors Howe (Francis Curzon) et surtout Dick Seaman vont démontrer à quel point les Delage 1500 GP étaient en avance sur leur temps, montrant qu’elles sont encore compétitives dix ans après leur création.
C’est à cette période que le prince siamois Chula Chakrabongse commande chez Delage deux nouvelles 15S8 pour son cousin le prince « Bira ». Deux autos seront construites en Angleterre et bénéficieront d’une nouvelle suspension avant à roues indépendantes dessinée par Albert Lory avant que l’ingénieur ne quitte Delage, au moment où son créateur est évincé de l’entreprise, pour aller travailler dans l’aéronautique.
C’est, semble-t-il, le premier exemplaire de la seconde série, #WMG-101, connu également sous le nom de #GP5, assemblé avec le moteur et des éléments de carrosserie de #GP2, qui était présent à Angoulême et j’avoue que voir évoluer une telle auto en piste et écouter le son de son huit cylindres en ligne à compresseur restera pour moi un excellent souvenir.
Le Plateau des Légendes.
Des figures emblématiques de l’histoire du Sport Automobile sont traditionnellement invitées à l’occasion des « Remparts ». Cette édition 2023 n’a pas fait exception à la règle comme vous allez pouvoir le constater sur les images suivantes.
-
-
En viel habitué de la manifestation, Jean Ragnotti a fait son retour en public après quelques soucis de santé. Il est ici accompagné par Marc Duez à bord d’une superbe Renault Type AS de 1909, le trente-sixième exemplaire sur soixante-seize produite. Portant le numéro de châssis #16020, elle est la seule survivante de la série.
-
-
Multiple Champion de France et d’Europe des Rallyes, victorieux à sept reprises en Championnat du Monde donc cinq fois au Tour de Corse, Bernard Darniche était évidement présent lors d’une manifestation mettant en avant la Lancia Stratos, auto avec laquelle il écrivit certaines des plus belles pages de l’histoire des rallyes.
-
-
Jean-Pierre Jarier se fait expliquer le maniement de la boite pré-sélective Wilson de cette Talbot Lago T110 par son propriétaire. Après l’essais, le pilote déclarera « avoir découvert une forme de pilotage inquiétante »…
-
-
François Delecour, quatre fois vainqueur en WRC et Marc Duez, multiple vainqueur aux 24 Heures du Nürburgring, de Spa, de Zolder, mais aussi excellent pilote de rallyes, miment un démarrage de la Brasier avec laquelle Léon Théry participa au Grand Prix de Dieppe 1907.
-
-
Françoise Conconi, la co-pilote la plus célèbre de Michèle Mouton, officiait en tant que Présidente du Concours d’Elégance cette année.
-
-
Le vainqueur des 24 Heures du Mans 1993, Eric Helary, était présent en habitué. Il est ici interviewé, au café, par Igor Biétry.
Le Plateau Maurice Trintignant.
Plateau réservé aux Avant-Guerre de moins de 1500 cm3.
-
-
Une fois de plus, Christian Pedersen impose son Austin Seven de 1936. « Miss Green » passe la ligne avec presque 29 secondes d’avance.
-
-
Simon Gallon prend la seconde marche du podium sur « Scarlet », son Austin Seven Pigsty Special de 1936.
-
-
Nicolas Komaroff termine troisième de la manche à bord de son Austin Seven Special de 1938.
-
-
Louis NcNair au volant de l’étonnante GN Katipo (une araignée venimeuse néo-zélandaise) fera un très beau et très spectaculaire début de course, mais sera retardé par un tête à queue au Marronnier.
-
-
Une fois les éléments de carrosserie et de protection retirés, la reconstruction de la
GN Katipo, effectué chez Tula Percision Ltd, un spécialiste britannique de Bugatti laisse apparaitre une conception pour le moins étonnante. La transmission de ce cycle-car monoplace destiné aux courses de côtes se fait par chaines et le pot d’échappement du second cylindre passe à l’intérieur de l’habitacle, à quelques millimètres du pied gauche du pilote…déroutant…
Le Plateau Jean-Pierre Beltoise.
Plateau réservé aux GT-GTS d’avant 1966.
-
-
Une fois de plus, Damien Kolher prouve que l’ancienne Diva F10 de Just Jaeckin est bien l’arme absolue en GTS pour courir sur le tourniquet charentais.
On ne compte plus les victoires de cette auto qui s’impose une nouvelle fois.
-
-
« Maverick » aura tout tenté au volant de sa Lotus Elan de 1965.
Il termine à un peu plus d’une seconde de Damien Kohler après une course âpre.
-
-
Richard Wilson complète le podium après une belle remontée au volant de sa MG MGB de 1974.
Le plateau Louis Rosier.
Plateau de démonstration sans classement réservé aux barquettes des années 50.
-
-
La sublime Elva MK1B Climax #100/B/41 1955 de Jean-Eudes Schoppmann.
-
-
La D.B Barquette « Trouis » #800 de Michel Blanchard était présente mais n’a pas prit la piste. C’est avec cette auto que Georges Trouis et Louis Héry ont terminé à la vingtième place des 24 Heures du Mans 1955.
-
-
La Cooper T39 « Bobtail » de Felix Godard. Ce châssis #CS-II-1-55 correspond à la voiture d’usine avec laquelle Ivor Bueb écuma les courses anglaises lors de la saison 1955.
-
-
La D.B. LM53 #784 avec laquelle René Bonnet et André Moynet terminèrent 17ème des 24 Heures du Mans 1953 et remportèrent la classe H, mais loupèrent de quelques millièmes la victoire à l’indice face à la Panhard des frères Chancel. Elle était exposée, en statique, à proximité des Halles.
Le Plateau Marc Nicolosi.
Plateau habituellement réservé aux Bugatti.
-
-
Arnaud Graignic termine second au volant de Bugatti 35.
-
-
Bo Williams impose sa Bugatti 35B de belle manière lors de cette manche. Il passe la ligne avec plus de quarante secondes d’avance.
-
-
Philippe Bouleau accède à la troisième marche du podium à bord de sa 37 A de 1929.
-
-
Marion Bordes dans ses œuvres à la Wilson. Elle prend une belle quatrième place au volant de sa Bugatti 51.
Le Plateau Raymond Sommer.
Plateau réservé aux Avant-Guerre de plus de 1500 cm3.
-
-
C’est durant cette épreuve que l’orage va finir par éclater. La course va être arrêtée au drapeau rouge à cause du vent violent qui arrachait les bâches de protection du circuit. cela ne gênera nullement Theo Hunt, qui reprendra la tête dès le second départ et imposera sa Frazer Nash TT Replica de 1932.
-
-
Tommy Waterfield a fait preuve d’une maîtrise et d’une maestria peu commune au volant de la GN Harlequin. Dans un style très spectaculaire, il termine second à 17 secondes de Theo Hunt.
-
-
A bord de sa Frazer Nash Super Sport, Simon Blakeney Edwards termine sur la dernière marche du podium à une vingtaine de secondes de la GN.
-
-
Les GN sont les créations de H.R. Godfrey et Archibald Frazer Nash. La production de ces autos totalement atypiques a duré de 1910 à 1925. Deux exemplaires participaient à cette course, le Spider de Jim Edwards de 1923 à l’esthétique à la limite du Steam Punk et l’Harlequin de 1922 de Tommy Waterfield.
-
-
La très belle Menasco Pirate Grand Prix de Robin Tuluie n’a participé qu’aux essais chronométrés du matin. Cette étonnante auto, conçue par son propriétaire, connu pour son travail en F1, a été assemblée autour d’un quatre cylindres inversé de 6l Menasco Pirate de 1929, considéré comme le meilleur moteur d’avion de course américain des années trente, et d’un « chassis d’époque ». Une belle réussite esthétique pour une voiture achevée en…2008.
-
-
Une vue des entrailles de l’étonnante GN Spider avec son 1100 cm3 « Hendon » tourné cette fois perpendiculairement au châssis, contrairement à la Katipo.
-
-
Cette vue du très beau circuit urbain charentais permet de se rendre compte de la violence de l’orage et du changement de visibilité durant le Plateau Raymond Sommer.
Le Plateau Bernard Darniche / Lancia Statos.
-
-
Trois Lancia Statos HF étaient présentes lors de ce plateau de démonstration, dont une stradale. On voit ici une de celles pilotées par Bernard Darniche durant la saison 1980, possiblement celle avec laquelle le girondin a remporté le Tour de France Automobile en compagnie d’Alain Mahé.
-
-
Bernard Darniche prendra le volant de la très belle Statos HF Alitatlia #829AR0 001849 en fin d’après midi, accompagné par Jean-Pierre Gagick. Cet exemplaire appartenant à Nicolas Leroy-Fleuriot est un des neuf exemplaires Groupe IV produit avec un V6 Dino à 24 soupapes.
Le Plateau Prince Bira.
Plateau réservé cette année aux MG d’Avant-Guerre pour célébrer le centenaire de Morris Garage.
-
-
C’est l’australien John Gillett qui remporte la course célébrant le centenaire de Morris Garage au volant de sa MG K3 Magnette de 1934.
-
-
Charles Goddard prend la seconde place à bord de sa MG PA/PB de 1934.
-
-
Roger Tushingham et sa MG N Type Magnette terminent sur la troisième marche du podium.
-
-
L’étonnante MG KN Bellevue Special 1937 de Steven McEvoy, auto destinée aux courses de côtes anglaises avec son châssis décallé.
-
-
Christian Berthold et sa rarissime monoplace MG R Type de 1935. Selon son propriétaire suisse, elle serait le dernier exemplaire survivant sur les dix construites.
Le Plateau Henri Greder.
Plateau réservé aux GT/GTS entre 1966 et 1976.
-
-
Pour sa première participation au Circuit des Remparts d’Angoulême, François Delecour s’impose de fort belle manière au volant d’une Ford Escort Mk II Groupe IV de 1976.
-
-
Jean-François Besson a fait une très belle course au volant de son Alpine A 110 de 1968. Il termine second à une vingtaine de secondes de François Delecour.
-
-
Marc Duez complète le podium au volant de sa Ford Escort Mk I Groupe IV après une belle bagarre en début de course.
-
-
Eric Empois avait créé la sensation de la mâtiné en signant la pole position du Plateau Henri Greder au volant de sa BMW E21 de 1976.
Il rentrera dans le rang en course et terminera au pied du podium.
L’exposition Ballot.
Ernest Ballot (1970-1937) est né à Angoulême et y est inhumé. Depuis deux ans, les organisateurs du Circuit des Remparts d’Angoulême ont décidé de rendre hommage à ce motoriste de génie et créateur de la marque automobile éponyme disparue en 1938. Quelques très beaux exemplaires étaient exposés dans les jardins de l’Hôtel de Ville.
-
-
Une Ballot 2LS carrosserie Sport « Chateau Toulon » de 1921 qui porte une très belle patine.
-
-
Une magnifique Ballot RH2 8 cylindres 2,9l Grand Sport de 1929.
-
-
Construite en 1921, cette Ballot 2 LS terminera seconde de la Targa Florio 1922 aux mains de Jules Goux.
Il aura fallu sept longues années à son propriétaire actuelle pour restaurer totalement cette splendeur, dont la moitié a été retrouvée à proximité du circuit de Zandvoort en Hollande et l’autre chez un collectionneur français.
-
-
Pour venir visiter l’exposition Ballot, certains spectateurs n’ont pas hésité à jouer le jeu et à arborer une tenue en rapport avec l’époque.
En centre ville.
A Angoulême, lors du weekend du Circuit des remparts, l’automobile est présente dans tout le centre ville.
-
-
Cette superbe Ford Galaxie R-Type 427 Holman et Moody de 1964 était exposée au Champs de Mars. J’imagine que cette auto est une évocation des 21 (probablement) voitures produites à l’époque pour courir en Nascar. L’arceau intégral est bien présent et le résultat est magnifique. Pour mémoire, c’est le V8 427 développé sur ces monstres qui sera utilisé dans les Ford GT40 Mk II et Mk IV.
-
-
L’Amédée Bollée Torpedo Type F de 1913 qui a participé au Concours d’Elégance.
-
-
Une très belle Peugeot 202 publicitaire accompagné par un étonnant Roadster 203 du Tour de France cycliste 1953.
-
-
Une très belle Amilcar C4 dans une des rues du Centre Ville.
-
-
Cette très belle Hotchkiss 686 Grand Sport 1935 serait la réplique de celle avec laquelle Mlle Lamberjack remporta la Coupe des Dames lors du Paris-Nice 1937.
Pour finir.
-
-
Une très belle rencontre en fin d’après-midi avec Dominique Dingo. L’artiste qui a inspiré plusieurs générations de photographes est un homme d’une grande gentillesse et d’une grande disponibilité.
Crédit Photos: Vincent Laplaud.