Il était une fois les Groupe C… les reines du C2 , 1ère partie

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En 1983, fort du succès du Groupe C pour sa première année d’existence, la FISA et l’ACO introduisent le Groupe C junior qui devint C2 en 1984.

 

Destiné aux concurrents privés les plus modestes, la réglementation imposa un poids minimum de 700 kilos (800 pour les C1), un réservoir de 85 litres (100 litres pour les C1) et une consommation limitée à 35 litres au 100 kilomètres, soit 25 litres de moins que les C1! Tout comme pour la catégorie reine, le moteur doit provenir d’un fabricant ayant construits des autos homologuées en Groupe A ou B.

 

Nous allons détailler dans cet article les différentes championnes du monde à savoir l’Alba AR2 – Giannini/Carma, la Spice-Tiga GC85-Cosworth, l’Ecosse C286-Rover et les Spice SE 87/88 et 89-Cosworth.

 

 

LAlba AR2-Giannini/Carma

 

 

La première lauréate du Groupe C junior est 100% Italienne, elle s’appelle Alba et elle est très sophistiquée par rapport à ce qu’on attend de la catégorie en 1983. Chassis monocoque en carbone (une première pour un prototype), effet de sol, moteur 4 cylindres doté d’un turbo, sont ses principales caractéristiques.

 

Trois hommes sont à la manœuvre : l’ingénieur Stirano qui a conçu des Osella Formule 1 et 2, Carlo Facetti, ex-pilote usine Alfa Romeo qui a construit le moteur Carma et Martino Finotto qui finance le projet et partage un baquet depuis quelques années avec Facetti en Endurance ou en Tourisme.

Ces trois hommes étaient déjà aux commandes du projet de Ferrari 308 Groupe 5 « Carma FF », une auto très rapide mais peu fiable vue furtivement en 1981.

Le moteur Carma badgé Giannini pour cause d’homologation est un 1,9 litres en fonte à culasse alu qui développe initialement 410 chevaux en configuration course.

 

Forfaits à Monza, Facetti-Finotto et leur AR2-001 débutent à Silverstone ou ils terminent 9ème au général et vainqueur du C junior, une excellente mise en jambe.

A noter que seules 2 autos prirent le départ, la belle Italienne du Jolly Club et la nouvelle Mazda 717C birotor qui devra renoncer sur perte de roue.

 

Première course et première victoire

Au Nurburgring l’Alba confirme ses bonnes dispositions en remportant la victoire, elle est néanmoins distancée par 4 Groupe B.

 

Arrivent ensuite les 24 heures du Mans.

 

Pour l’occasion un capot long est installé et Facetti fait parler la poudre en qualification !

Il s’octroit le 26ème temps en 3’42″78 devant 14 Groupe C !

La 2ème C junior, la « De Cadenet « Lola-Cosworth est rejetée à près de 14 secondes !!

 

En course la fiabilité générale et la consommation très mesurée à respecter ne permirent pas à l’Alba de faire la passe de trois.

Rejoints par le Suisse Marco Vanoli, Facetti- Finotto feront illusion jusqu’à la tombée du jour après avoir mené la catégorie pendant près de 2 heures.

 

Des problèmes d’allumage récurrents, d’échappement, de boîte de vitesse feront perdre au Jolly Club plus de 2 heures mais c’est sur un problème de tenue de route que l’abandon est enregistré à 07h35 du matin.

A noter qu’en course la flèche verte sera au moins 20 secondes plus lente qu’aux essais et guère plus rapide que la Mazda 717C victorieuse du groupe, 12 ème au scratch derrière 10 Groupe C et une Groupe B.

 

Rapide mais encore trop jeune au Mans

Après cette déception Sarthoise, le team retrouve les épreuves de 1000kms à Spa-Francorchamps, Brands Hatch, Fuji puis Kyalami.

 

En Belgique le moteur lâche après seulement 16 tours, la victoire revenant à la modeste Harrier RX83C-Mazda du Manns Racing.

 

En Grande Bretagne l’Alba finit 10ème et l’emporte, sa seule concurrente, la Harrier ayant cassé son moteur.

 

Victoire à Brands Hatch avec un capot arrière court

Au Japon la concurrence est enfin plus importante avec le retour des 2 Mazda 717C, une Lotec -BMW et 3 MCS basées sur des chassis March.

C’est une MCS qui l’emporte en C junior en se montrant plus fiable que l’Alba qui termine 2ème en concédant 8 tours.

 

Enfin en Afrique du Sud, un 2ème chassis apparaît, le 002 pour Facetti-Finotto, le 001 étant confié à Docco-Vanoli.

Si la 001 abandonne sur panne moteur, la 002 termine 10ème et seule C Junior à l’arrivée.

 

Au final le Jolly Club remporte le titre.

L’Alba s’est montrée rapide, relativement fiable pour une nouvelle auto mais mis à part au Mans et à Fuji, elle n’a pas eu de réelle concurrence….

Heureusement en 1984 la catégorie va s’étoffer et Alba aura de sérieux challengers.

 

 

 

Pour 1984 le Jolly Club dispose du châssis 001 aux couleurs de Duracell et du 002 toujours peint en vert et sans grands sponsors.

Alba va même pouvoir compter sur sa nouvelle AR3, une AR2 modifiée pour pouvoir accueillir le V8 Cosworth, une auto vendue au duo Barberio- Gellini (mais aussi à Gianpiero Moretti pour l’IMSA mais ceci est une autre histoire).

La réglementation autorise maintenant pour les C junior devenue C2 un réservoir de 100 litres mais l’Alba devra conserver ses 85 litres pour des raisons techniques, un désavantage certain avec des ravitaillements plus fréquents.

 

La concurrence arrive avec des Mazda profondément remaniées mais peu présentes hors Japon, une Tiga-Cosworth managée et pilotée par Gordon Spice, une Ecosse- Cosworth conçue par Ray Mallock, des Lola T616-Mazda Américaines en verve à Daytona et qui vont rouler sur plusieurs manches du championnat mondial ou d’originales Gebhardt Allemandes à moteur BMW ou Cosworth….

 

A Monza la verte numéro 80 termine à la 11ème place,  le 3ème rang du C2 derrière la meilleure Lola -Mazda et la toute nouvelle Ecosse-DFV.

 

Dans les stands à Monza

 

La Duracell numéro 81 doit renoncer après 36 tours seulement sur bris de boîte de vitesse.

 

Victoire Alba aux 1000kms de Silverstone grâce à Vanoli-Pavia-Copelli pendant que Finotto-Facetti renoncent sur problème de boîte. C’est néanmoins un doublé Italien avec la belle 2ème place de Gellini-Barberio-Vatielli sur l’AR3 2 tours derrière sa soeur a moteur Carma.

 

Aux 24 heures du Mans seules les 2 autos du Jolly Club sont engagées. La numéro 81 dispose d’un capot arrière plus court que sa sœur, l’aileron arrière étant installé sur des dérivés latérales ne dépassant pas l’arrière du capot. Autre différence, les pneus : Des Dunlop pour la Duracell contre des Avon pour la verte qui a abandonné ses Pirelli de 1983.

 

Facetti obtient une 2ème pole position de suite en 3’41″48 soit un gain de 1″30. Coppelli est au delà des 3’50 distancé par la Rondeau M379C du Graff racing, la meilleure Mazda est en net progrès, l’Ecosse et la Tiga GC84 sont regroupées en 3’47/48.

 

En course les 2 Alba ne vont pas être suffisamment fiables pour espérer l’emporter.

Après un début de course dominé par la Rondeau, Facetti-Finotto-Vanoli sont en tête pendant 2 heures avant que divers ennuis ne les retardent : Pignon de boite de vitesse, alternateur, pompe à essence, turbo, injection vont coûter plus de 3 heures à la verte italienne qui terminera 7ème du C2 et 21ème au général.

 

Pas plus de 2 heures en tête aux 24h

Coppelli-Pavia-Dacco seront beaucoup plus épargnés jusqu’en fin de la matinée. Ils vont régulièrement pointer en tête jusqu’à la 17ème heure puis un changement de turbo va permettre à la Lola numéro 67 et à la Rondeau de déborder les 3 Italiens.

Une grosse fuite d’huile va immobiliser quasi définitivement l’Alba à 3 heures de l’arrivée, Dacco ne repartant que pour être classé à la 19ème place, 5ème de la catégorie C2.

 

La Duracell ne dura pas au top suffisamment longtemps

Victoire Lola au final devant la Rondeau et la 2eme Lola BF Goodrich.

Après cette déconvenue le Jolly Club se rend au Nurburgring.

Un nouveau problème de boîte élimine les 3 Italiens de la Duracell tandis que Facetti-Finotto-Sebastiani ne terminent que 24ème loin de la Tiga de Bellm-Spice-Crang et de la Lola de Busby-Hasmer.

 

A brands Hatch seule la 001 est présente pour Finotto-Facetti-Coppelli.

Elle ne peut empêcher une nouvelle victoire Tiga mais termine seconde à…plus de 30 tours en profitant des disqualifications de la Grid S1 et de la Lyncar MS30 !

 

A Mosport la situation est plus favorable avec les 3 Alba qui finissent 1ère, 2ème et 3ème du C2, Dacco-Coppelli terminant même 3ème au scratch !!

 

L’AR3 de nos jours dans sa configuration LM 85

 

A Spa la Tiga l’emporte facilement devant la Rondeau Graff de retour et la Gebhardt-BMW. Dacco-Coppelli-Vanoli ne finissent que 4ème après quelques soucis, Finotto- Facetti-Sebastiani ont vite abandonné alors que l’AR3 ne prit même pas le départ, victime de son moteur.

 

Aux 1000kms d’Imola, les deux AR2 sont éliminées sur accident (001) et pression d’essence (002).

 

A Fuji la numéro 81 doit de nouveau renoncer sur accident tout comme l’AR3 alors que Facetti-Finotto-Sebastiani très attardés finissent seulement 5ème du C2, très loin de la Lotec à moteur BMW M1 surprenante 6ème et même d’une MCS- Mazda et d’une Lola T616 BF Goodrich. Seule consolation les Mazda usine firent encore moins bien !

 

A Sandown, les 2 Alba-Carma renoncent sur panne moteur pour la verte et problème électrique pour la blanche, noire et marron.

 

Malgré une fiabilité encore limitée, surtout côté moteur et boîte de vitesse, le Jolly Club conserve sa couronne. Cette performance a été aidé par la présence ponctuelle de ses plus coriaces rivales, Tiga GC84 et Lola T616 qui ont remportés plusieurs victoires.

 

En 1985 la montée en puissance de la Tiga améliorée par Gordon Spice et de l’Ecosse vont mettre à mal les AR2, 3 et la nouvelle AR6 qui ne remporteront aucune victoire.

Sic transit gloria mundi …. « Ainsi passe la gloire du monde »

 

 

 

La SpiceTiga GC85-Cosworth

 

 

En 1985 la couronne passe de l’Italie à la Grande Bretagne. C’est le Spice engineering qui devient champion du monde C2 avec une Tiga GC85 optimisée par cette équipe. C’est un nouveau châssis qui remplace la GC84 4 fois victorieuse l’année précédente avec Spice-Bellm et Crang. Les 2 créateurs de Tiga, Howden Ganley et Tim Schenken avaient initialement conçu une C1, la GC83 à moteur Chevrolet aperçue 3 fois fin 1983. Celle-ci avait été refondu en 1984 pour créer une C2 équipée d’un Cosworth 3,3 litres.

Chassis monocoque en aluminium,  carrosserie en fibre de verre, boîte Hewland, rien que du classique pour une auto bénéficiant de l’effet de sol et construite chez Ram racing.

Ce châssis vient concurrencer celui d’usine de l’année précédente toujours piloté par Neil Crang.

 

Les 2 premières manches à Mugello puis Monza se soldent par 2 victoires pour le duo Spice-Bellm.

 

Au Mugello la GC85 l’emporte devant l’Alba AR2 de Facetti-Finotto qui concèdent…13 tours et l’URD de Jens Winter.

 

A Monza la Spice-Tiga gagne avec 3 tours de marge sur la nouvelle Ecosse-DFV de Mallock-Wilds.

 

A Silverstone l’Ecurie Ecosse domine la Spice qui termine seconde à 4 tours et 17 tours devant la Strandell-Porsche de Schanche-Dickens.

 

Spice-Tiga vs Strandell à Silverstone

 

Aux 24 heures du Mans ,on imagine un duel entre les 2 Anglaises peut-être arbitré par les Mazda officielles, la Tiga GC84, les Alba AR2, 3 ou 6 voire même les Gebhardt usine et ADA engineering….

Aux essais c’est Finotto qui s’impose en 3’42″62 avec la nouvelle Alba AR6 devant l’AR2 de Frey qui sera forfait suite à un spectaculaire accident avec la Porsche 956 de Wood.

Derrière suit Mallock et son Ecosse à moins de 2 secondes puis à plus de 4 secondes Giangrossi (Alba AR3), Jelinski (Gebhardt) et Spice.

 

Au départ Ray Mallock prend vite la tête devant Gordon Spice. La démonstration va durer 3 heures pour les Écossais jusqu’à la casse de la pompe à huile qui va mettre fin à la vie du Cosworth. Un temps distancés par l’URD et la Mazda de Kennedy et des frères Martin suite à des soucis d’amortisseurs, Spice-Bellm-Galvin prennent la tête 5 heures durant.

Puis la réparation d’un carénage sous la voiture, des tubulures d’échappement par 2 fois et du carénage avant vont faire chuter la numéro 70 au 4ème rang.

C’est alors la Mazda qui occupe la tête avec comme plus proches poursuivantes l ‘Alba AR6 et la Gebhardt de ADA engineering.

 

A partir de 1 heure du matin, la Tiga va de nouveau rouler plus sereinement. Profitant du retrait de l’Alba, de soucis d’échappement chez ADA puis d’un long arrêt de 1h23 chez Mazda pour des problèmes de boîte qui vont réapparaître 1h30 avant l’arrivée,  la Spice-Tiga reprend la tête malgré un quart d’heure perdu en fin de parcours sur un nouveau problème de carénage.

 

La fin de course est difficile pour l’ensemble des C2 et à 15 heures Spice-Bellm-Galvin sortent vainqueurs et 14eme au général.

La Gebhardt et la Mazda sauvent les 2eme et 3eme places .

C’est avec une grosse avance au championnat que le Spice engineering repart de la Sarthe.

 

Victoire à l’usure dans la Sarthe

 

A Hockenheim la lutte reprend avec l’écurie Ecosse qui l’emporte,  Mallock-Leslie-Wilds terminant 3 tours devant le Spice engineering et 4 tours devant l’Alba AR6.

A Mosport l’Ecosse est absente et Spice-Bellm gagnent avec une confortable avance sur la Gebhardt officielle.

 

Nouvelle victoire à Spa-Francorchamps devant la Gebhardt et l’URD, l’Ecosse ne terminant que 4ème.

 

Mauvaise note à Brands Hatch ou la GC85 est éliminée sur un problème de suspension dès le 12ème tour laissant l’Ecosse s’assurer une solide victoire devant l’Alba AR6 et bien plus loin l’étonnante ALD 01-BMW.

 

Rapide retour aux stands à Brands Hatch

 

Le Spice engineering ne se rendra pas à Fuji, les titres pilotes et équipe étant déjà assurés avec plus du double de points que les rivaux Écossais !

 

Cette Tiga optimisée par Gordon Spice s’est donc avérée une redoutable compétitrice, rapide, globalement fiable, plus que ses rivales et bien pilotée.

 

En 1986 le match entre les nouvelles Spice « Fiero » et Ecosse-Rover  sera particulièrement intense.

A suivre …..

 

Crédit photos John Brooks

 

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