Target200 ou la naissance d’un mythe de l’histoire de l’Endurance: la Ford GT40.

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A l’heure où beaucoup de gens dans le monde vont fêter la naissance d’un enfant qui a eu lieu, il y a un peu plus de deux mille ans du côté de Bethléem, je vais vous parler ce soir d’une autre naissance, celle d’un des mythes de l’Endurance: la Ford GT40.

 

Avant de vous parler du film Target200, je vais tenter de vous replacer succinctement dans le contexte qui a présidé à la naissance de la voiture de course de Dearborn la plus connue de son histoire.

 

En 1961, Ford, alors premier constructeur mondial, prend conscience, petit à petit, qu’il est en train de se faire grignoter des parts de marchés, particulièrement auprès des jeunes, par Chevrolet, dont les ventes de la Corvette, sortie dans le courant de l’année 1953, ne cessent de progresser.
Les services de Ford apprennent également que deux autres constructeurs ont lancé des projets visant la même cible, Pontiac, avec la GTO et Plymouth, avec la Barracuda.
Les services commerciaux de la FO.MO.CO. décident de réagir et lancent la création d’un nouveau modèle à caractère sportif durant l’été 1962, la Ford Mustang.

 

Dans l’urgence, le designer Eugène Bordinat crée un concept car à moteur V4 central, en quelques semaines, et qui sera présenté au public en octobre, la Mustang Concept I.

 

Parallèlement, Lee Iacocca, vice-précident de la FO.MO.CO. et directeur de la division commerciale de Ford apprend que Ferrari est en difficulté sur le plan financier.
Il réussi à convaincre Henry Ford II de racheter le constructeur italien avec l’idée que les succès de la marque au cheval cabré en compétition pourrait servir la Mustang sur le plan publicitaire.
Entre janvier et mai 1963, Iaccoca et les avocats de Ford se rendent à Maranallo et établissent un protocole de vente en collaboration avec les avocats de Ferrari.
Mais, au dernier moment, l’Ingenere, prétextant qu’il lui est insupportable de ne pas garder le contrôle sur la Scuderia fait capoter la vente.
En chef d’entreprise malin, il semble surtout qu’Enzo Ferrari n’ait jamais vraiment eu l’intention de vendre son entreprise au géant américain, mais voulait surtout tenter de faire augmenter les « aides » que lui accordait déjà la famille Agnelli lorsque Ferrari était en délicatesse.

 

Henri Ford II, surnommé le Duce par ses collaborateurs, en référence au dictateur fasciste Benito Mussolini, rentre dans une de ses colères légendaires et décide d’humilier Ferrari sur son propre terrain, en remportant les 24 heures du Mans que la marque domine depuis des années.

 

L’auto devant être en piste pour la date prévue du lancement de la Mustang, décision est prise de reprendre un projet déjà existant et de le développer avec les moyens, donnés pour « illimités » selon la légende, alloués par la multinationale.
Plusieurs constructeurs anglais sont approchés et un accord est trouvé avec Eric Broadley, créateur de la marque Lola, qui vient de donner naissance à un très novateur petit coupé à moteur central, un V8 Ford, la Mk6 GT.

 

Pour dessiner et construire celle qui allait devenir GT40, Ford met en place une imposante équipe au sein de son antenne anglaise, la F.A.V. (Ford Advanced Vehicles).
Roy Lunn est chargé de la direction technique du programme en étroite collaboration avec Eric Broadley.
Ils reçoivent le soutient de trois ingénieurs : Len Bailey, pour la partie châssis, Ron Martin, pour la carrosserie,  et Chuck Mountain.
John Wyer, qui vient de quitter Aston Martin, est chargé de la direction administrative et sportive.
Mais la petite usine Lola devient vite trop petite pour héberger tout ce beau monde. Début novembre 1963, la FAV emménage dans des locaux modernes et spacieux, situés à Slough, dans la banlieue de Londres et à proximité de l’aéroport d’Heathrow.

 

Le projet décidé par la direction général de Ford a un objectif unique : créer un coupé compact motorisé par un gros V8 maison et capable d’atteindre les 200 mph (320 km/h), il sera dénommé « Target200 ».

 

 

 

 

Comme vous l’aurez sans doute compris, cette pépite d’un peu plus de vingt-deux minutes retrace cette épopée.

 

Tout commence par des images de GT/105, maquillée en GT/103 dans sa version Le Mans 1964 roulant sur le circuit de Goodwood avec Bruce McLaren au volant, et ce, juste pour une captation publicitaire destinée au film.

 

Roy Lunn et John Wyer posent ensuite autour d’un plan éclaté de la GT40 avant que l’on ne se rende au bureau d’étude.

 

Vous allez ensuite assister à la naissance de GT/101, la première Ford GT40, en cours d’assemblage à Slough.
On peut alors apercevoir le V8 4,2l type Indianapolis et sa boîte Colotti, qui viennent manifestement d’arriver des Etats-Unis, et ne vont pas tarder à être accouplés à la première coque venue directement de chez Abbey Panels Ltd.

 

Arrive alors la première sortie en course de la GT40, lors des 1000 Km du Nürburgring durant lesquels GT/102, pilotée par Phil Hill et Bruce McLaren abandonne sur bris de suspension.

 

On revoit ensuite GT/102 en tests à Goodwood, mais vu sa configuration aérodynamique je ne suis pas certain que le film respecte la chronologie historique, ces images donnant plutôt l’impression d’avoir été prises entre les Essais d’Avril des 24 Heures du Mans 1964 et la course du Nürburgring.

 

La séquence suivante rend hommage à Autolite, qui avait développé pour la GT40 des bougies à haute performance. N’oublions pas que ces films ont été tournés à visées publicitaires, pour être présentés en première partie des séances de cinéma de l’époque.

 

Autre entorse à la chronologie, puisque les vues des essais préliminaires des 24 heures du Mans 1964 sont montées ensuite, mais quel bonheur de voir de superbes vues de l’AC Cobra Coupé #A98 brute d’aluminium.

 

Une véritable rareté avec les images de la maquette en bois ayant servit finaliser les implantions mécaniques et à définir les aménagements intérieurs vue chez Harold Radford où la sellerie et la mise en peinture de GT/101 vont être réalisés. Voir le peintre dessiner un cercle parfait au tape, à mains levé, en s’inspirant des photos envoyées par le service d’Eugène Bordinat est vraiment un bel hommage à ce qu’était l’artisanat automobile anglais des années 60.

 

Retour sur les essais du Mans qui verront disparaitre GT/101 dans l’accident de Jo Schlesser alors que l’on peut apercevoir John Wyer et Roy Salvadori, qui abimera lui aussi GT/102.

 

Nouvelles images de la séance de tests de Goodwood avec GT/102 avant de splendides séquences des 24 Heures du Mans 1964 où trois GT40 étaient engagées, GT/102 pour Bruce McLaren et Phil Hill, GT/103 pour Richie Ginther et Masten Gregory, et GT/104 pour Jo Schlesser et Richard Attwood.
Contrairement aux vœux d’Henri Ford II, les trois voitures abandonneront, deux sur bris de la boite de vitesse et l’autre sur incendie.

 

Les dernières séquences de course de la saison 1964 sont celles des 12 Heures de Reims, époque bénie où les autos étaient finalisées dans le garage de l’hôtel avant de se rendre au circuit par la route.
Trois GT40 étaient également présentes, GT/102, GT/103 et GT/105 remplaçant GT/104, les équipages étant les mêmes qu’au Mans.

 

Pour boucler la boucle, le film se termine par la même captation de GT/105 à Goodwood qui sert à son ouverture.

 

A la fin de la saison 1964, le directoire de Ford, mécontent des résultats des résultats en course de la GT40 confiera le projet à Carroll Shelby, ne laissant à John Wyer que la partie production de l’auto et la possibilité d’engager quelques autos en course  au nom de la F.A.V., mais cela est une autre histoire.

 

Il faut remercier Ford Heritage pour ce superbe cadeau de Nöel en prévision du soixantième anniversaire, l’année prochaine, du projet Target200.
Cette archive était devenue un véritable rareté et les copies qui en circulaient encore étaient souvent d’une bien médiocre qualité.
Pour finir, faites attention, suivant les navigateurs, la vidéo ne commence pas forcément au début.

 

Crédit photo et vidéo : Ford Heritage.

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