Il était une fois les Groupe C : Sauber C9-Mercedes, le retour progressif des flèches d’argent

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Préambule 

 

Apres une séparation fracassante avec Walter Brun et seger et Hoffmann,  ses partenaires de 1982, Peter Sauber dépossédé de sa C6 créé pour 1983 une nouvelle Groupe C, la C7.

 

Dotée d’un chassis monocoque en aluminium et équipée d’un moteur de BMW M1, la C7 est la révélation des 24h du Mans ou le trio Garcia-Naon-Montoya grimpent jusqu’au 7ème rang et terminent 9ème,  le premier des non Porsche 956 !!

 

Une prestation très remarquée au Mans

 

La Sauber finit 10ème à Fuji puis elle rejoint les USA pour courir en IMSA sous les couleurs de Fomfor racing, d’abord avec le moteur BMW puis avec un V8 Chevrolet. Après une pause en 1984 l’équipe Sauber revient au Mans en 1985 avec sa C8. Il s’agit d’une évolution de la C7.

 

Tests et présentation

 

Elle s’en distingue principalement par son moteur, un V8 5 litres de Mercedes 500 doté de 2 turbos KKK. Cette transformation, réalisé par Heini Mader avec les conseils de l’usine Mercedes-Benz, permet à la Sauber C8 de disposer de 620 chevaux avec une faible pression de turbo de 0,8 bar. Étudiée et testée dans la soufflerie de la firme à l’étoile, la C8 est dotée d’un capot arrière plus long que la C7 avec un aileron implanté très bas. Hélas lors des essais John Nielsen décolle dans les Hunaudières ! Fort heureusement la Sauber retombe sur ses roues , monocoque peu touché et pilote indemne.

 

La C8 lors du pesage

 

Forfait pour la course, la C8 avait marqué les esprits avec un bon 360 km/h dans la mythique ligne droite. On retrouve la C8 en 1986 sous le nom de ….Kouros C8 ! Yves Saint Laurent veut en effet faire la promotion de son parfum pour hommes Kouros et va jusqu’à rebaptiser la voiture suisse.

 

Plusieurs manches du championnat du monde sont au programme avec Nielsen, Thackwell ou …..Pescarolo au volant. Après d’encourageantes 9ème place à Monza et 8ème places à Silverstone c’est la douche froide au Mans ou deux C8 sont engagées.

 

Après un bon départ les deux autos rencontrent vite des difficultés,  Nielsen-Thackwell abandonnent sur casse moteur à la 5ème heure suivi de Pescarolo-Danner- Quester à la 7ème heure trahis par leur boîte de vitesse.

 

Pas de réussite au Mans

 

L’heure de gloire arrive au Nurburgring ou Pescarolo-Thackwell bons 6ème aux essais l’emportent !

 

Victoire surprise en Allemagne !

 

Cette belle performance se fait sur une course tronquée suite à une météo catastrophique et au retrait volontaire de plusieurs Porsche après la collision des 962C d’usine sous le déluge. Il a fallu néanmoins batailler avec la Jaguar XJR6 rescapée avant son abandon.

 

La saison se termine par une bonne 6ème place à Spa-Francorchamps au milieu des Porsche . Le team Kouros finit 6ème du championnat du monde équipe.

 

Sauber C9, de Kouros à Mercedes 

 

1987: un potentiel certain 

 

Pour 1987 une nouvelle auto est mise en chantier,  la C9.Basée sur le châssis inchangé de la C8, la C9 est profondément modifiée côté aérodynamique. Un nouveau capot avant cachant des réservoirs d’eau et d’huile repositionnés, un capot arrière court avec un aileron bas installé à la limite réglementaire des 4,30 mètres de long étaient les éléments les plus visibles. Sous la carrosserie on notait une nouvelle boîte de vitesse Hewland VGC plus à même d’encaisser le couplé important du V8 Mercedes. Celui ci recevait une injection Bosch- Motronic utilisée en Formule 1 pour abaisser une consommation jugée excessive en 1986.

 

Il était aussi doté de nouveaux pistons et arbres à came pour une puissance maximale de 700 chevaux. Une nouvelle suspension avant imposée en partie par le passage des pneus Good-Year aux Michelin et une suspension arrière totalement modifiée ( combiné ressort-amortisseurs horizontal) complétaient le travail effectué durant l’intersaison par Peter Sauber, Paul Pfenninger et Leo Ress. Kouros restait le sponsor titre de l’équipe en 1987 et Pescarolo- Thackwell les fers de lance côté pilotes, du moins en début de saison.

 

A Silverstone, Thackwell fait sensation en obtenant le 2ème temps des essais à 0″060 de Stuck et sa Porsche officielle ! En début de course le Néo-zélandais mène l’épreuve durant 30 minutes mais des problèmes de suspension éliminent la jolie voiture suisse.

 

Des promesses dès sa première course

 

Au Mans deux autos sont engagées et on se dit qu’elles pourraient jouer les outsiders dans le duel Porsche-Jaguar attendu. Qualifiés 7ème et 8ème derrière les porsche et Jaguar officielles ainsi que la Cougar-Porsche,  Dumfries- Ganassi sur la numéro 62 et Thackwell-Pescarolo-Okada sur la 61 vont vite déchanter.

 

Qualifications prometteuses pour les « Kouros »

 

Sur la 61 on procède rapidement à des vérifications moteur avec modification des réglages d’injection plusieurs fois ….6 tours sont perdus en 1ere heure. Vers 19 heure Thackwell sort de la piste au virage Ford ce qui oblige à changer capot et aileron, passif 20 minutes supplémentaires. C’est Pescarolo qui repart mais pas pour longtemps car un arbre de transmission lâche à proximité du virage Porsche.

 

Le quadruple vainqueur parvient à bloquer le joint défectueux avec une clef à bougie et rentre à son stand qu’il trouve ….vide !!! Le team persuadé de la fin de course de la numéro 61 a même officialisé son abandon ! Le temps de ramener le matériel, de faire rayer l’auto des abandons et de réparer la transmission, le passif se montera à….2h27. Thackwell repartira 30ème à 34 tours des leaders mais l’aventure de la C9 se terminera à 4h40 suite à une double crevaison due aux débris laissés par l’accident de la Jaguar numéro 5.

 

Une course chaotique pour la 61

 

La course de la numéro 62 sera bien plus brève avec un abandon à 18h27 sur problème de boîte de vitesse. Auparavant Dumfries et Ganassi étaient monté jusqu’à la 6ème place à la 3eme heure de course.

 

Course brève de la 62

 

Seule consolation globale les deux meilleurs temps en course de la numéro 61 en 3’25″4 et de la numéro 61 en 3’26″1. On retrouve ensuite le chassis 01 sous le nom Sauber sur les manches estivales de la Supercup avant un retour en championnat du monde au Nurburgring et à Spa-Francorchamps.

 

En Allemagne 2 autos sont engagées mais une seule va courir,  la numéro 62 de Dumfries et Reuter étant victime d’un accident aux essais.Le Britannique va épauler Thackwell et Pescarolo sur la numéro 61. Qualifiée 3ème,  la « Kouros » abandonne suite à des problèmes de boîte de vitesse.

 

Pas plus de succès en RFA

 

En Belgique Thackwell-Schlesser qui remplace dorénavant Henri Pescarolo partent de la pole position mais ne terminent que 7ème à 6 tours de la Jaguar XJR8 victorieuse après quelques avaries. La fin de saison en Supercup est plus encourageante avec la victoire de schlesser aux Nurburgring devant la Porsche officielle de Stuck et la voiture sœur de Thackwell !

 

Victoire en Supercup face à l’usine Porsche !

 

Après cette belle performance le team Sauber peut se montrer plus confiant; la performance est là, reste à trouver une meilleure fiabilisé.

 

 

* 1988: de solides résultats 

 

Yves Saint Laurent cesse sa collaboration avec Sauber mais Mercedes-Benz devient de plus en plus présent dans le team Suisse. Fin 1987 la marque à l’étoile réactive à Stuttgart un service compétition afin de soutenir des équipes utilisant ses voitures ou mécaniques. Rebaptisé team Sauber-Mercedes, les Suisses vont bénéficier d’un support accru de Mercedes via un moteur revu et le sponsoring de AEG Olympia, une se ses filières. Le V8 va bénéficier d’une injection Bosch optimisée et de l’utilisation d’un système de télémétrie.

 

La C9 reçoit des jantes et pneus de 17 pouces à l’avant contre 16 précédemment,  des freins plus gros , un aileron plus bas, des prises d’air latérales pour mieux refroidir les turbos disposés plus haut dans le compartiment moteur. Côté pilote c’est le trio Schlesser-Mass-Baldi qui sera le fer de lance du team. Des la 1ere course à Jerez la C9 revigorée fait parler la poudre. Le trio l’emporte avec 24 secondes d’avance sur la meilleure Jaguar XJR9 après avoir obtenu la pole position.

 

Première victoire en mondial !

 

Pour les 360 kms de Jarama, Baldi et Schlesser obtiennent le meilleur temps aux essais mais sont devancés de 19 secondes en course par la Jaguar de Cheever-Brundle. Même résultat à Monza et Silverstone ou partie de la pole position la C9 termine 2eme. Arrivé ensuite Le Mans ou au vu des progrès effectués la presse imagine un match à trois avec Jaguar et les Porsche officielles de retour. Hélas ce match va se transformer en duel Anglo- Germanique avant même la fin des essais….

 

La C9/88 au pesage place des Jacobins

 

Pour les 24 heures deux C9/88 sont engagées  pour Baldi-Mass- Weaver (61) et Niedzwiedz-Acheson (62) Le premier jour des essais Niedzwiedz est victime d’une crevaison dans la courbe des Hunaudières. L’équipe Sauber-Mercedes décidera le lendemain de déclarer forfait sans en expliquer la cause ….

 

Quelques tours le mercredi et puis s’en vont

 

La C9 reprit ensuite la piste au Norisring pour une manche de la Supercup ou Schlesser l’emporte devant la Porsche usine de Stuck. Nouvelle victoire ensuite en mondial à Brno ou 2 autos sont engagées. Schlesser-Mass l’emportent devant 2 Jaguar et la voiture sœur de Baldi-Weaver.

 

A Brands Hatch Pas de victoire mais une 3eme place pour Baldi- Schlesser après une grosse frayeur pour les 2 autos du team. Hynes perdit le contrôle de sa Tiga devant les 2 Sauber et si la numéro 61 s’en sortit en partant en tête à queue Mass percuta de plein fouet la C2 rose et abandonna. Heureusement les 2 pilotes furent indemnes !

 

Au Nurburgring, Schlesser associé à Mass l’emporte quand Baldi et Johansson abandonnent sur accident. Le pilote Suédois et l’italien obtiennent leur revanche à Spa-Francorchamps ou ils reussissent pole position et victoire de peu devant la Jaguar de Brundle- Lammers et la seconde C9 un peu attardée. Moins de chance à Fuji ou seuls Schlesser-Mass finissent à une modeste 5eme place,  des problèmes de frein éliminant Baldi et ..Streiff.

 

Enfin pour la dernière course à Sandow Park les 2 voitures suisses réalisent le doublé, Schlesser-Mass devant Baldi-Johansson. Notons également 3 victoires en Supercup face à la Porsche officielle de Stuck et aux meilleures 962C privées.

 

Duel Schlesser-Stuck en Supercup

 

Au final le team Sauber-Mercedes remporte 5 des 11 manches du championnat du monde et devient vice champion derrière Jaguar , Jean Louis Schlesser finissant 2eme du championnat pilote. Pour 1989 de grands espoirs de victoire au championnat voire au Mans deviennent donc légitimes…..

 

 

* 1989: la consécration 

 

En 1989 Mercedes ne se cache plus et officialise totalement son alliance avec Sauber. Les C9 sont peintes en gris clair, la couleur des flèches d’argent des années 30 et 50, les sponsors devenant très discrets. La principale nouveauté technique est le moteur Mercedes  M119 doté de 4 soupapes par cylindre, un bloc plus léger avec sa culasse en aluminium et moins gourmand. Il est donné pour 730 chevaux à 7000 t/ mns. Schlesser, Baldi, Mass et Acheson sont les 4 pilotes prévus pour participer au championnat du monde. A noter que toutes les épreuves sont ramenées à 480 Kms cette année là.

 

Pour le team Sauber-Mercedes 1989 est l’année de la confirmation, du triomphe même ! Mis à part Dijon ou Joëst et sa 962C rajeunie l’emporte la Sauber C9 remporte toute les courses face à des Jaguar XJR9 dépassées puis des XJR11 peu fiables, des Porsche 962C vieillissantes et des jeunes Toyota ou Nissan pourtant prometteuses.

 

La firme allemande réalise 3 doublés à Suzuka,  Donnington et au Nurburgring.L’équipe termine leader du championnat du monde avec près du double de points sur le second, le Joëst racing ! Côté pilotes, Jean Louis Schlesser est champion devant Mass, Baldi et Acheson, les équipages ayant été modifié plusieurs fois dans la saison.

 

 

Les reines du championnat 1989

 

Et Le Mans me direz vous ?

 

Eh bien malgré une mise à l’écart du championnat les flèches d’argent y reviennent et signent le doublé mais avec une vraie résistance de Jaguar et du Joëst racing. Trois C9 modifiées pour l’occasion sont engagées pour Schlesser ( le revenant) -Jabouille- Cudini (# 62) ,  Baldi-Acheson-Brancatelli (#61) et Mass-Reuter-Dickens (#63). Leur capot avant perd ses aérations au dessus des roues et gagne de petites entrées d’air rondes de part et d’autres de l’aération centrale. A l’arrière l’aileron est plus petit.

 

 

Au pesage avec la voiture de réserve

 

Suite à la mésaventure de 1988, Michelin et Sauber ont effectués de nombreux tests en sollicitant au maximum les pneus. L’objectif avoué est de bien figurer avant de revenir pour la gagne en 1990. Dès les essais les C9 font parler la poudre avec les 2 meilleurs temps pour Schlesser ( 3’15″04) et Baldi ( 3’15″67) , Acheson atteignant même 400 km/h dans la ligne droite des Hunaudières ! Sur la numéro 63, Mass se contente du 11ème temps en 3’22″86 derrière les meilleures Porsche et Jaguar. En course c’est dans un premier temps la Jaguar numéro 3 et la Porsche Joëst numéro 9 qui dominent les débats à un rythme d’enfer.

 

En début de course les Sauber vont vite laisser la vedette à TWR et Joëst

 

Schlesser-Jabouille-Cudini perdent 4 tours vers 18h30 suite à une sortie de piste dans la courbe Dunlop pour éviter une C2 : il faut faire du nettoyage,  contrôler les suspensions et changer l’aileron arrière. 24ème à 19h, le trio est précédé à la 11ème place par Mass-Reuter- Dickens et Baldi-Acheson-Brancatelli 4ème à 1 tour de la Jaguar de Jones-Kline-Daly.

 

 

Début de course prudent des flèches d'argent

Début de course prudent des flèches d’argent

 

Petit à petit la 62 et la 63 remontent dans la hiérarchie après les problèmes de la Jaguar de tête. La Porsche rose et blanche de Wollek- Stuck puis la Jaguar de Lammers-Tambay-Gilbert Scott remplacent la XJR9 numéro 3 en tête. La 962C va connaître des problèmes de durites d’eau puis un début d’incendie ce dont vont profiter les 2 meilleures Sauber.

 

A mi-course , la Jaguar numéro 1 précède d’un tour seulement les numéro 61 et 63. Malheureusement pour TWR la boîte de vitesse fait des siennes vers 7 heures du matin et 49 mns sont perdues à changer l’ensemble du train arrière…. Dès lors les 2 C9 prennent le commandement séparées tour au plus d’une trentaine de secondes. La Porsche Joëst de Wollek-Stuck suit à 3 tours. C’est un tête à queue de Baldi sous la passerelle Dunlop qui va désigner le vainqueur. Plus d’un tour est perdu pour la numéro 61, Mass- Reuter et Dickens ont ainsi la voie libre.

 

 

La 63 file vers la victoire à Arnage

 

Rien ne viendra entraver la bonne marche de la Sauber numéro 63 qui l’emporte devant la numéro 62 ralentie en fin de course par un problème de boîte de vitesse et la valeureuse Porsche Joëst numéro 9.

 

L’étoile amoureusement nettoyée brille de mille feux

 

La numéro 62 termine 5ème et les 3 flèches d’argent se regroupent pour franchir triomphalement la ligne d’arrivée ! Ce succès ainsi que celui très large au championnat ferme brillamment la carrière sportive de la C9 remplacée en 1990 par la C11. Enfin pas tout à fait car à Suzuka lors de la première manche ce dont deux C9 rebaptisées Mercedes-Benz C9 qui l’emportent, la seule C11 présente ayant été accidentée aux essais.

 

Une fin heureuse pour une des Groupe C les plus emblématique des années 80.

 

Crédit photos  Vincent Laplaud , Nino Barlini, Alain Trefou

 

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