Reinhold Joest et Audi. Un couple parfait. Partie 3

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Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est au service d’Audi Sport que celui qui est devenu au fil des années l’Aigle d’Absteinach va ressurgir aux 24 Heures du Mans 1999. Par un curieux échange de bons procédés industriels dont Ferdinand Piëch qui chapeaute le groupe VAG a le secret, voilà que Porsche renonce soudainement à la victoire absolue au Mans au profit de son cousin Audi. Alors que l’on attendait un tout nouveau proto issu de Weissach et dont le regretté Bob Wollek parlait déjà avec émotion, c’est maintenant au cœur des ateliers d’Ingolstadt que va naître la fabuleuse R8.

 

Le docteur Wolfgang Ulrich admettait à la veille de la grande confrontation avec Toyota, Panoz, Mercedes et BMW et qu’il avait fallu trouver un terrain d’entente avec Porsche avant de pouvoir le compter dans les rangs “le Sorcier”. Si une lutte existe entre constructeurs, Le Mans est un symbole fort du défi industriel entre l’Europe, le Japon et l’Amérique. Porsche acceptant de mettre en sommeil son projet. Raynald libéré de ses obligations put alors offrir à Audi toute sa science de la course et fournir aux jeunes ingénieurs de précieux conseils, via sa propre équipe technique.

 

Audi Sport Team Joest allait s’octroyer deux podiums consécutifs dès sa première apparition en course aux 12 Heures de Sebring, puis aux 24 Heures du Mans. Lors de l’édition 1999 de grand standing. Dès lors, la complémentarité du tandem Audi Sport TEAM Joest allait  effectuer une véritable marche triomphale vers l’Olympe de l’endurance mondiale. Pendant trois longues saisons, tant Mans que dans le championnat ALMS, la fabuleuse R 8 se construisait course après course une réputation d’invincibilité qui nous ramène aux grandes heures de la gloire de l’écurie Rothman-Porsche. Quant au trio Biela, Pirro, Kristensen, il s’est forgé l’un des plus beaux palmarès qui soit en triomphant 3 fois consécutivement aux 24 Heures du Mans. C’est quelque chose d’assez incroyable, car au Mans, vous avez beau tout préparer à la perfection, vous n’êtes jamais sûr de gagner. Seul ombre à  ce tableau idyllique. La disparition tragique, sans doute par la faute d’une crevaison lente, de Michele Alboreto lors d’une séance d’essais privés.

 

 

Au soir de l’ultime succès d’Audi à Atlanta lors du baisser de rideau de l’ALMS 2002. Ce personnage d’une extrême qualité humaine apparaissait plus ému qu’il ne le voulait. « Je ne sais pas ce qu’on pourra faire de mieux dans l’avenir, mais je, mais ce qui est clair, c’est qu’il sera vraiment difficile d’être aussi complémentaires que l’on a été depuis 4 ans avec Audi. » déclare Reinhold. À la fin de cette saison 2002, à l’heure d’une dernière coupe de champagne partager sous l’auvent de petit Le Mans avec son épouse française Brigitte. Le sorcier d’Absteinach se refusait à toute perspective d’avenir.

 

La suite du Team Joest Racing Audi reprend du service en 2006, avec l’Audi R10 TDI après avoir laissé un peu de place à Bentley du même groupe, victoire pour le trio Werner, Biela et Pirro et surtout la première victoire de la technologie diesel aux 24 Heures du Mans dès leur première tentative. 2007, c’est l’année de la naissance d’un nouveau duel de constructeur, Peugeot débarque et compte bien mener la vie dure aux Allemands d’Audi et du team Joest. La R10 TDI et remporte les 24 Heures du Mans, et dans le même temps la première confrontation avec Peugeot. La R10 TDI remporte également l’American Le Mans Series 2007 et termine seconde derrière Peugeot de la Le Mans Series 2007. En 2008 et pour la dernière année de la R10 TDI, Audi remporte l’ALMS, les 24 Heures du Mans et Le Mans Series.

 

 

Lorsque Audi décide de développer le nouveau prototype, la R15 pour la saison  2009, après une victoire aux 12 Heures de Sebring face à Peugeot, la Audi R15 n’est pas au niveau et ne remportera qu’une seule course en 2009. Le Team Joest ne remporte pas les 24 Heures du Mans 2009 et se contente seulement d’une troisième place. En 2010, de grosses évolutions sont faites sur la R15, devenant la R15+ TDI. L’équipe termine deuxième de l’ILMC 2010 mais remporte les 24 Heures du Mans par un triplé miraculeux qui a vu les quatre Peugeot 908 HDI FAP nettement au-dessus des R15 abandonner les unes après les autres.

 

En 2011, Audi abandonne le prototype ouvert de type « barquette » et passe à un prototype « fermé » pour un meilleur aérodynamisme. La R18 TDI remporte les 24 Heures du Mans 2011 avec une seule voiture à l’arrivée, les deux autres Audi ont été détruites dans des accidents avec des GT et des images effroyables. Durant le reste de la saison, la R18 va souffrir face à la Peugeot 908 comme lors des années précédentes.

 

 

En 2012, alors que l’endurance va connaître une bagarre à trois avec Toyota, Peugeot et Audi tous équipés d’un système hybride, la firme française décide de se retirer au tout dernier moment. La R18 TDI remporte les 12 Heures de Sebring et les 6 Heures de Spa. Au Mans, durant les premières heures, Toyota et Audi vont se rendre coup pour coup, mais l’abandon des deux Toyota avant la nuit va laisser une lutte entre les quatre Audi R18, deux Diesels, et deux Diesels hybride. Ce sera finalement un doublé pour les Audi R18 e-tron quattro, et une troisième et une cinquième places pour la R18 classique après la course. Audi remporte le WEC, le tout nouveau championnat du monde d’endurance.

 

En 2013, Audi remporte le championnat du monde d’endurance et les 24 Heures du Mans de nouveau avec la R18 e-tron quattro face à Toyota avec la neuvième et dernière victoire de Tom Kristensen. En 2014, l’arrivée de Porsche coïncide avec l’arrivée d’un nouveau règlement technique qui accentue notamment la technologie hybride sur la catégorie LMP1 l’équipe réalise un doublé au Mans grâce à l’Audi R18 e-tron quattro, modèle hybride similaire à celui déjà victorieux sur le même circuit en 2012 et 2013. C’est le treizième et dernier succès du constructeur d’Ingolstadt. L’équipe ne conserve pas son titre et termine deuxième du championnat du monde d’endurance FIA 2014 derrière Toyota mais devant Porsche.

 

 

En 2015, Audi aligne toujours trois voitures à Spa et au Mans et deux sur le championnat du monde d’endurance où sont également présents Nissan, Porsche et Toyota. L’équipe allemande remporte les deux premières manches à Silverstone et à Spa. Pour la première fois depuis 2009, Audi ne remporte pas les 24 Heures du Mans et termine troisième derrière les deux Porsche 919 Hybrid après avoir connu une course ponctuée par de nombreux problèmes de fiabilité.

 

 

En 2016, Audi n’utilise que deux prototypes pour l’ensemble des épreuves du championnat y compris lors des 24 Heures du Mans 2016. L’équipe ne parviendra qu’à placer qu’une seule des deux voitures sur le podium avec une troisième place. À la suite de cette épreuve, Leena Gade, ingénieure de course britannique présente dans l’équipe depuis 2007, quitte le Joest Racing. Fin octobre, le constructeur annonce la fin de son engagement dès la fin de la saison afin de concentrer ses ressources sur d’autres disciplines.

 

Aucune autre équipe de course n’a plus de victoires au classement général aux 24 Heures du Mans que le JOEST RACING.

 

La partie 1: Reinhold Joest, pilote. Trois poduims au Mans.

La partie 2: Reinhold Joest, Puissance quatre pour le Joest Racing et fidélité à Porsche.

 

Crédit photo: Stéphane Cavoit by Racing Shoots, Intensemans.fr

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