Il était une fois les Groupe C : 1982, les tenants du Cosworth

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Outre les Ford C100, déjà traitées précédemment, de nombreuses équipes ont fait confiance au Ford Cosworth 3,9 litres ou 3,3 litres de type DFL. Ce choix, surtout pour le 3,9 litres s’avéra désastreux, les vibrations bien plus importantes conduisant à des destructions diverses de périphériques moteur et même de structures des autos !!!

 

 

  • Rondeau

 

Depuis 1980 et la victoire historique du pilote constructeur Jean Rondeau aux 24 heures du Mans la fime Sarthoise est la principale concurrente de Porsche. Après de belles 2ème et 3èmes places en 1981 Rondeau se lance dans le Groupe C pour 1982 avec 2 modèles : les M382 et M482.

 

La M382 est un modèle transitoire basée sur la M379. Elle repose sur le même châssis tube mais à l’empattement allongé de 25 centimètres. La suspension arrière est celle de la future 482, le V8 est porteur et la carrosserie plus volumineuse se passe du carénage partiel des roues arrière. Deux autos initialement dotées du V8 Cosworth sont vendues à des teams Américains qui les engagent en IMSA dès les 24 heures de Daytona puis les équipent d’un V8 Chevrolet.

 

Rondeau – Chevy  » Golden Eagle »

 

En Europe une auto est vendue à Christian Bussi qui l’équipe d’un Cosworth 3,3 litres. L’équipe usine participe au championnat du monde d’endurance pour la première fois et remporte même la première course de l’année et du Groupe C aux 1000kms de Monza grâce à Pescarolo-Francia.

 

Monza 1982 : victoire !!!

 

Au Mans, après des essais perturbés par des problèmes d’allumage, la numéro 11 de Migault-Spice-Lapeyre fait illusion en pointant en tête régulièrement jusqu’à la 3ème heure puis au 3ème rang avant que le moteur donne des signes de faiblesse et lâche en 12ème heure.

 

La numéro 11 fit longtemps illusion

 

Les 2 autres M382 usine renoncent pour la même raison, la « Bussi » finit 15ème et c’est une M379 qui sauve le plus l’honneur de la marque au 10ème rang. En fin d’année l’équipe finit malgré tout vice- championne du monde et aurait pu même l’emporter si la FISA n’avait pas accepté les points d’une 911 Groupe B au Nurburgring pour le plus grand plaisir de Porsche….

 

La M382 sera ensuite engagée par des écuries privées, parfois en championnat du monde comme celle de Pierre Yver qui prend une belle 6ème place aux 1000kms de Monza 1984. La M482 est une toute nouvelle voiture à effet de sol dessinée par l’ingénieur Max Sardou. Sa carrosserie est très enveloppante et le capot arrière particulier lui vaut le surnom de catamaran. Sa conception puis mise au point a pris du retard et après une sortie manquée à Silverstone elle est abandonnée pour le reste de la saison.

 

Sortie manquée à Silverstone

 

On ne la reverra qu’au Mans en 1983 ou 3 exemplaires sont engagés mais ses performances sont très décevantes : elle n’est pas plus rapide que la M382, l’effet de sol trop important pénalise la vitesse de pointe dans les Hunaudières et la fiabilité désastreuse du Cosworth 3,9 litres entraîne une nouvelle déroute.

 

Déception au Mans 1983

 

On reverra des M482 alignées par Le Graff racing ou Christian Bussi  au Mans jusqu’en 1987 et même par une écurie Américaine soutenue par Rondeau en 1984. Celle-ci pointera un moment bonne 7ème avant de rencontrer des problèmes moteur.

 

M482 " Americaine "

Belles couleurs en 1984

 

 

  • Mirage 

 

Pendant les essais au Mans

 

 

Et cela en fut malheureusement un ! Pourtant cette marque imaginée par le glorieux John Wyer, victorieuse des 24 heures du Mans 1975 et rachetée par Harvey Cluxton fut souvent une animatrice des années 70. Après un échec retentissant en 1979 (sous le nom de Ford M10), la marque est de retour au Mans en 1982 avec un toute nouveau groupe C.

 

Harvey Cluxton confia à John Horsman,  papa des précédentes Mirage, la réalisation de la M12. Mais la décision fut prise tardivement et la réalisation du châssis en Angleterre chez Tiga plus le montage aux USA chez GTC n’arrangea rien… C’est Mario Andretti et son fils Michael qui s’occupent des premiers essais en avril à Riverside et ils doivent aussi piloter l’auto au Mans ! Une seconde M12 est prévue dans la Sarthe mais faute de temps seul le chassis 01 au roulage limité sera engagé.

 

Au pesage

Aux essais la Mirage est parmi les plus rapides dans les Hunaudières avec un bon 342 km/h et Mario Andretti obtient le 9ème temps, le 3ème du  » clan » Cosworth.

 

Hélas la suite sera moins favorable….

Après quelques griefs sans suite des commissaires techniques au pesage concernant le fond plat ou la surface vitrée c’est peu avant le départ que la voiture est jugée non conforme après vérification de la disposition des radiateurs d’huile et d’eau. John Horsman espère faire une modification de leur position à la dernière minute mais la M12 est évacuée de la pré-grille; c’est la Porsche 924 suppléante de Richard Cleare qui est appelée à prendre sa place. La Mirage M12 01 participera seulement à 3 courses IMSA en 1983 sous les couleurs du Conte racing avec une 7ème place au grand prix de Miami.

 

Courte carrière aux États-Unis

 

Le châssis 02 sera lui terminé mais ne participera à aucune course. Triste épilogue pour l’aventure Mirage en Endurance ….

 

 

  • Sauber / Sehcar 

 

L’aventure de Peter Sauber en Groupe C ne date pas des Sauber-Mercedes dominatrices en 1989 et 1990. Bien avant ça le Suisse créa une groupe 6 moins de 2 litres, la C5 que l’on vit au Mans en 1977 et 1978. Pour 1982 Sauber va créer la SHS C6 avec la firme Seger et Hoffmann qui s’est occupé du châssis. L’étude aérodynamique a été effectué à l’université de Stuttgart et initialement c’est un V8…Mercedes qui devait équiper cette auto à l’aspect volumineux et à l’aileron arrière en forme d’aile Delta. Finalement le GS sport qui a acheté 2 châssis opte pour un V8 Cosworth.

 

 

Look massif et belle décoration

 

 

A Monza 2 autos sont présentes mais abandonnent sur problèmes de pompe à essence et de radiateur. L’une des deux est déjà modifiée chez Thompson en Angleterre sans en référer à Peter Sauber …. Guère plus de réussite à Silverstone avec une modeste 13ème place pour la seule auto qui termine.

 

Une seule auto est présente au Nurburgring mais après un bon 3ème temps aux essais le moteur casse en course.

 

Les deux SHS C6 sont ensuite engagées aux 24 heures du Mans. Hans Stuck sur la numéro 20 signe signé un bon 7ème temps aux essais à un souffle de la Ford C100 leader des Cosworth, la numéro 19 étant qualifié en 15ème position par le même Stuck.

 

Pour la course la numéro 20 renoncera au gros 3,9 litres pour un 3,3 litres. Malheureusement les promesses seront de courte durée. 5ème au bout de 5 heures, la numéro 20 doit abandonner sur rupture des attaches du train arrière, le 3,3 litres parachevant le travail vibratoire du 3,9 litres aux essais. Pour la numéro 19 des problèmes électriques et un démarreur récalcitrant causeront sa perte.

 

Départ LM 82

En fin d’été Walter Brun, un des piliers de l’équipe rachète GS sport en piteux état financier et les 2 Sauber. En fin de saison le meilleur résultat est une 5ème place aux 1000 kms du Mugello. Un des 2 châssis est doté d’un 4 cylindres turbo BMW pour les 9 heures de Kyalami. Présent également en DRM, GS Sport finit 4eme à Hockenheim.

 

Pour 1983 Walter Brun et Seger et Hoffmann repartent avec les 2 Sauber rebaptisées Sehcar sous la bannière du Brun Motorsport. Un 3ème châssis est en construction chez Thompson et doit accueillir un moteur de … Porsche 956 ! A Silverstone seule la C6 Cosworth est engagée et abandonne sur problème de boîte de vitesse. Au Nurburgring le duo Stuck-Brun passe au modèle à moteur BMW. Qualifiée à une très bonne 7ème place la Sehcar est pulvérisée en course par Walter Brun.

 

Pour les 24 heures du Mans ne restent plus que la C6- Cosworth et la toute nouvelle C83-Porsche à peine terminée.

 

Trop tendre la C83-Porsche.

 

Les 2 autos se qualifient à de lointaines 35ème et 40ème places, la C83 étant même finalement forfait pour cause de préparation insuffisante. En course le trio de Canadiens de la numéro 36 ne fera pas d’étincelles et abandonnera sur problème d’embrayage.

 

Course anonyme de la C6-Cosworth

 

C’en est trop pour Walter Brun qui abandonne les Sehcar et commande des …Porsche 956 !! On reverra seulement une Sehcar du Brun Motorsport en DRM après Le Mans avec une belle 2ème place au Norisring pour Harold Grohs.

 

La C83-Porsche sera reprise par le team Procar automobile qui l’engage en 1984 sur quelques courses du championnat du monde d’endurance avec comme seul résultat une 15ème place aux 1000kms de Silverstone.

 

Immaculée en 1984

 

Le Français Rolland Bassaler racheta fin 1884 à Walter Brun la C6-Cosworth qu’il va modifier et équiper d’un moteur de BMW M1. Engagée en C2 entre 1985 et 1988 au Mans et dans quelques manches du championnat du monde elle termine 23ème aux 24 heures 1985 et 12ème aux 1000kms du Nurburgring 1986 par exemple.

 

En C2 au Mans 1986

 

 

Quand à Peter Sauber il conçut pour 1983 une C7 à moteur de BMW M1. Beaucoup plus fine que la C6, elle fit sensation aux 24 heures du Mans en terminant 9ème et 1ère non Porsche.

 

La C7 et son chassis

Un premier pas vers une C8 très proche à moteur Mercedes et de futurs lauriers….

 

A suivre….

 

Crédit photos : Paul Snider, Sonny Jones, Bob Harmeyer

 

 

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