Il était une fois les groupe C : la Lancia LC2

4.3/5 - (14 votes)

Présentation de la Lancia Corse due ( LC2)

 

La Lancia LC2 apparue en 1983 est la réponse de la marque Turinoise à Porsche dans le but de contrer la terrible 956. Elle succède à la barquette groupe 6 LC1 à moteur de Bêta Monte Carlo groupe 5 qui avait été la plus dangereuse rivale de la firme de Stuttgart en 1982. La Lancia LC2  est basée sur un châssis monocoque en aluminium créé fin 1982 chez Dallara sous la direction de l’ingénieur Tonti.

 

Le groupe Fiat est à l’œuvre pour sa réalisation avec une carrosserie en carbone et Kevlar étudiée en partie au centre de test de Fiat à Orbessano et un moteur V8 tipo 268C  conçu par Ferrari. D’une cylindrée de 2,6 litres et équipé de 2 turbo KKK, ce moteur devait initialement rouler aussi en Indycar. Il développe officiellement 600 chevaux en 1983 ce qui semble quelque peu  » pessimiste « .

 

Les ingénieurs Italiens ont décidé de privilégier la vitesse maximale avec une surface frontale limitée  et un poids le plus proche possible des 800 kgs réglementaires.Une boîte Hewland à 5 rapports et des pneus Pirelli radiaux sont également au programme. La voiture est révélée à Pessione en février 1983 chez Martini, le sponsor de l’équipe Lancia en rallye et circuit depuis 1981. Du côté pilotes on retrouve un groupe de talentueux Italiens tels que Patrese, Alboreto, Ghinzani ou Nannini.

 

La LC2 en course

 

1983 : un dur apprentissage 

 

La première course de la Lancia LC2 se déroule à Monza en avril. Ghinzani fait sensation en s’emparant de la pole position avec près d’une seconde d’avance sur la première Porsche malgré un accident suite à l’éclatement d’un pneu. Le pilote Italien mène les 8 premiers tours avant de sortir de la route après une nouvelle explosion de pneu. La seconde LC2 de Patrese-Alboreto , attardée,  termine 9ème derrière la meilleure …LC1 Groupe C de la scuderia Sivama.

 

 

Première sortie à Monza

 

A Silverstone, seconde manche du championnat du monde, les deux LC2 abandonnent sur surchauffe moteur après de plus modestes 4ème et 5ème temps aux essais. Seule note positive,  le meilleur temps en course de Riccardo Patrese sur la numéro 4.

 

Dernière course en pneus Pirelli

 

Au Nurburgring une seule LC2  » Martini » est engagée pour Patrese-Alboreto, la seconde étant confiée au team EuroTV- Mirabella racing avec Ghinzani-Francia-Barilla au volant. Exit les Pirelli, bonjour les Dunlop non radiaux ce qui n’est pas sans poser des problèmes d’adaptation des suspensions. Après des essais discrets, les 2 Italiennes renoncent au 2/3 et 3/4 de l’épreuve trahie par leur différenciel.

 

Les 24h du Mans arrivent donc bien tôt pour l’équipe Lancia-Martini et une LC2 rapide mais peu fiable. Trois autos sont néanmoins engagées : 002 pour Alboreto-Fabi- Nannini , 003 pour Ghinzani-Heyer- Fabi et 001 pour Andruet-Nannini-Barilla. Malgré 10 heures de tests à Imola début juin la bande à Cesare Fiorio ( le directeur sportif de la marque Turinoise) voit ces 24h comme un test grandeur nature.

 

Sur la numéro 4 Michele Alboreto casse un moteur lors des essais du mercredi mais s’adjuge le second meilleur temps le jeudi en 3’20″79 à plus de 4 seconde de Ickx et sa Porsche officielle. Ghinzani sur la numéro 5 est 4ème en 3’21″31 tandis que la numéro 6 finit 13ème en 3’32″92 avec Barilla. Celle-ci est plus lourde de 70 kgs suite à la présence d’une caméra pour diffuser des images en live à la télévision.

 

En Course la fiabilité fait défaut comme prévu. La numéro 5 finit la 1ère heure 8ème, la numéro 6, 10ème.

 

La 5 fit brièvement illusion en début de course

 

La numéro 4 déjà attardée sera la première à abandonner après moins de 2 heure de course, Embrayage cassé. Ghinzani-Heyer-Fabi montent jusqu’au 3ème rang en 2ème heure avant de connaître des problèmes d’accélérateur puis une pression d’huile défaillante et définitive peu avant 2 heures du matin.

 

La numéro 6 sera la plus endurante mais pas la moins épargnée. Boîtier d’allumage, fils de bougies, collecteur de turbo empêchent la LC2 de viser un top 10 avant un abandon à 5 heures 20 sur un nouveau problème d’alimentation. C’est à Spa-Francorchamps en septembre qu’on note enfin des progrès significatifs: les 2 « Martini » et la « Mirabella » terminent toutes les 3 , la rouge 6ème battant les usines 7ème et 11eme.

 

La Lancia rouge du team Mirabella

 

A Brands Hatch la numéro 4 de Alboreto- Patrese finit 4ème. Absentes à Fuji, les LC2 participent aux 2 manches Italiennes du championnat d’Europe et à la course de Kyalami. Partis en pole position à Imola, Nannini-Gabbiani sont disqualifiés suite à un dernier tour trop lent mais Heyer-Fabi, 2ème aux essais l’emportent devant les « bonnes » 956 privées de Fitzpatrick et Joëst !!

 

Cet excellent résultat se confirme la semaine suivante au Mugello avec une bonne 2ème place de Patrese-Nannini à 3 tours tout de même de Wollek-Johansson et leur Porsche Joëst. Les 2 autres LC2 abandonnent sur differenciel et moteur cassés.

 

La saison se termine sur une dernière bonne note aux 1000kms de Kyalami avec la 2ème place de Patrese-Nannini qui se glissent entre entre les 2 Porsche usine. Pour 1984 le clan Italien espère ainsi sérieusement chahuter l’ogre de Stuttgart.

 

1984 , des espoirs ( surtout  Manceaux ) déçus

 

La LC2 est sensiblement modifiée : passage de roues arrières élargis,  capot moteur revu avec 1 aileron abaissé et maintenu de manière centrale, capot avant légèrement différent, boîte de vitesse revue par Abarth avec un carter spécifique, géométrie de suspension mieux adaptée aux pneus Dunlop…. Le plus gros changement s’avère être le V8 passé de 2,6 à 3 litres. Il développe pour Le Mans 720 chevaux en qualification avec 1,5 bar de pression de turbo, 680 avec 1,3 bar pour la course.

 

Le poids est remonté à 850 kg, le minimum du règlement 1984. Cesare Fiorio a décidé de s’adjoindre les services d’un pilote spécialisé Endurance et à choisi le Porschiste Bob Wollek. Celui-ci accepte cette offre grâce aux progrès réalisés en fin de saison et il est convaincu que seul le team Lancia Martini pourra battre l’usine Porsche en 1984.

 

 

A Monza trois LC2 sont présentes dont un modèle 1983 pour le Jolly Club. Patrese-Wollek se qualifient 4ème mais abandonnent suite à un début d’incendie, Barilla-Baldi, seconds aux essais terminent 3ème à 5 tours des 2 Porsche officielles. Gabbiani-Martini seulement 11ème aux essais sur la « Totip » renoncent sur accident.

 

LC2/83 pour le Jolly Club

 

A Silverstone Patrese et Wollek sont en pole position,  loin devant les 2 autres LC2. Hélas en course les Lancia connaissent des chutes de puissance. Baldi- Barilla finissent néanmoins 4ème, Gabbiani-Martini 7ème quand Patrese-Wollek renoncent sur un  problème d’allumage. Viennent ensuite les 24h du Mans…

 

L’usine Porsche y a renoncé suite à un changement soudain sur l’allocation de carburant. Lancia doit donc affronter les meilleures Porsche privées voire les Jaguar XJR5 Américaines. Des tests de 20 heures au Mugello début juin ont confirmé que la boîte de vitesse même modifiée reste le talon d’Achille de la voiture. Deux modèles officiels sont engagés pour Wollek-Nannini ( numéro 4, châssis 005) , Barilla-Heyer-Baldi ( numéro 5, châssis 003).

 

Un modèle « privé » ( numéro 6, châssis 006) est présent sous les couleurs BP/Malardeau pour Lapeyre-Martini-Gabbiani. Aux essais les deux Lancia officielles s’octroient la 1ère ligne de la grille de départ. Bob Wollek en 3’17″11 devance Mauro Baldi en 3’20″47. La jaune Malardeau termine 12ème en 3’33″44 après un accident le mercredi qui l’aura longtemps immobilisé.

 

En tête dans les premiers mètres

 

Au départ les « Martini » sont vite surprises par Dorchy et sa WM qui pointe en tête au 1er et 3ème tour avant de sortir de la route. Durant les cinq premières heures Wollek-Nannini se battent pour la tête de l’épreuve avec la 956 Kremer de Jones-Schuppan-Jarier tandis que Barilla-Heyer-Baldi naviguent autour de la 5ème place. La « Malardeau » est déjà en difficulté avec des soucis de frein, de refroidissement,  un pare-brise cassé et au final un joint de culasse « out » peu avant 00h30.

 

Course difficile pour la jaune Malardeau

 

A partir de 21h la numéro 4 s’installe au commandement jusqu’à minuit relayée par la numéro 5 qui a haussé le rythme. Il faut dire que Wollek se plaint de la tenue de route, un tirant de suspension arrière s’est fortement desserré ce qui fait perdre 8 minutes à l’alsacien.

 

A mi-course la numéro 4 a refait son retard et pointe en tête avec 1 tour d’avance sur l’autre LC2 et 2 tours sur la 956 Fitzpatrick. Hélas à 2h50 la boîte fait des siennes sur la LC2 de Baldi qui perd une heure à faire remplacer le pignon de 5ème. La numéro 4 est toujours en tête à 6 heures du matin mais plus pour longtemps,  le pignon de 5ème est à remplacer et près d »une heure est perdue….

Adieu victoire Italienne, les Porsche Joëst,  Henn, Fitzpatrick ou Kremer prennent le large !

 

Wollek-Nannini remontent jusqu’au 8ème rang, le premier des non- Porsche alors que leurs collègues de la numéro 5 abandonnent vers 11heures du matin sur surchauffe moteur. Maigre consolation,  après la pole position,  Bob Wollek signe le meilleur tour en course en 3’28″9.

 

Une belle occasion manquée

 

Après cette grosse désillusion le team Lancia-Martini se rend au Nurburgring. Seulement 5ème et 6ème sur la grille,  les LC2 finissent 3ème à 1 tour de la Porsche usine victorieuse ( numéro 5) et 12ème ( numéro 4). A Brands Hatch seuls Baldi-Wollek-Martini terminent à une modeste 7ème place. Quatre voitures sont engagées à Imola mais c’est la bérézina. La Jolly Club en configuration 1984 finit 9ème , les 3 autres abandonnent.

 

La meilleure performance se passe en fin de saison à Kyalami. Les LC2 de Nannini-Patrese et Wollek-Barilla signent le doublé mais face à une seule 956 privée sérieusement attardée…..

 

1985 apporta t’elle plus de satisfactions ? ….

 

A SUIVRE….

 

Crédit photos : Sonny Jones, Carlo Rovatti.

Il etait une fois les groupe C : la Lancia LC2 , seconde partie

 

 

 

 

 

 

Derniers articles :

Photo Lane :

Translate »