Il etait une fois les groupe C : la Lancia LC2 , seconde partie

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1985: 5 pole-position et une triste victoire 

 

 

Pour 1985 la Lancia LC2 est de nouveau modifiée. L’évolution la plus visible est l’augmentation des voies de 20 cms, la Lancia étant ainsi large de 2 mètres, la valeur maximale pour les Groupe C. Ceci se voit surtout au niveau des flancs de l’auto plus larges dans leur partie basse. Une nouvelle suspension apparaît suite à l’utilisation de pneus Michelin et la firme Française fournit sa piste de Clermont-Ferrand pour des essais intensifs à hautes vitesses. La boîte de vitesse encore perfectible en 1984 est entièrement revu par Abarth , de nouveaux capots apparaissent,  à l’arrière l’aileron n’étant plus fixé sur la boîte de vitesse.

 

La gestion du système d’injection Magneti-Marelli est optimisé pour diminuer la consommation. Ces travaux se font sous la gouvernance de l’ingénieur Claudio Lombardi  qui a remplacé Tonti peu avant les 24 heures du Mans 1984.

 

Les 3 premières courses montrent un meilleur niveau de performance avec 3 pôle-position pour la numéro 4. Les LC2/85 sont plus constantes en course et se battent pour la victoire même si la fiabilité pose encore problème. Wollek-Baldi finissent 4ème au Mugello quand les polemen Patrese- Nannini abandonnent sur problème moteur.

 

A Monza la course est stoppée prématurément suite à la chute d’un arbre empêchant Patrese et Nannini de faire mieux que 3ème quand Wolleck-Baldi se retirent suite à un accrochage avec la Porsche Kremer victorieuse.

 

Paddock à Monza

 

A Silverstone les 2 hommes attardés finissent 12ème quand Patrese et Nannini terminent de nouveau 3ème à 2 tours de Ickx-Mass et leur Porsche 962C usine. Pour les 24 heures du Mans seules 2 machines sont engagées, une 3ème auto pour Schlesser-Streiff était envisagée mais un manque de temps et de moyens humains entraînent son forfait. Restaient Wollek-Nannini-Cesario ( numéro 4, châssis 002) et la surprise Henri Pescarolo associé à Mauro Baldi ( numéro 5, châssis 005) pour défendre les intérêts de la firme Turinoise.

 

Aux essais malgré un moteur doté de plus gros turbo, la bande à Fiorio ne parvient pas à obtenir la pôle-position. Bob Wollek en 3’15″28 échoue à la seconde place à 0″48 de Hans Stuck et sa Porsche 962C officielle. Baldi est 6ème en 3’23″48.

 

Au départ l’alsacien s’impose dès la montée de la courbe Dunlop et mène l’épreuve 3 tours durant. Il se fait ensuite débordé par Ludwig et sa 956 Joëst. Très vite les Lancia et Porsche usine semblent moins à l’aise que les Porsche Joest et Lloyd qui se relaient en tête. Jusqu’à la 12ème heure la LC2/85 évolue entre la 3ème et la 5ème place en partie étranglée par sa consommation.

 

Vélocité étranglée par la consommation….

 

Peu avant 4 heures du matin la fiabilité s’en mêle : un problème de turbo fait perdre 28 minutes , la Lancia chute à la 13ème place à 15 tours du leader … Pescarolo-Baldi en retrait occupent alors le 7ème rang, handicapés par la consommation de leur LC2 et 10 minutes perdues vers 6 heures du matin.

 

7ème place pour Pescarolo-Baldi

 

Ils finiront derrière leur équipiers moins contraints côté carburant après leur long arrêt. Au final les Lancia terminent 6ème et 7ème loin derrière la frugale et véloce Porsche Joëst victorieuse de Ludwig-Barilla-« Winter ». Après cette déception Nannini est engagé à la manche DRM du Norisring sans succès avant que les 2 autos ne retrouvent le championnat du monde à Hockenheim.

 

Après des qualifications décevantes, Wollek-Baldi  terminent 4ème à 2 tours de Stuck-Bell quand Patrese-Nannini renoncent sur …. panne d’essence ! Le temps fort de l’année arrive à Spa-Francorchamps pour l’équipe Lancia-Martini.

 

La numéro 4 une nouvelle fois 1ere des qualifications se classe 4ème à 1 tour de la numéro 5 de Wollek- Baldi et Patrese qui l’emporte! Hélas la course stoppée avant son terme est endeuillée par la mort de Stefan Bellof ce qui gâche sérieusement la fête pour l’équipe Italiennes et ses supporters.

 

Une belle victoire gâchée

 

Pour la dernière course de l’année du Martini racing à Brands Hatch après un doublé aux essais la numéro 5 finit 3eme à 1 tour de Stuck-Bell  devant la numéro 4. A noter que la LC2/84 001 sera vu au Japon sans succès  pour quelques courses sous les couleurs Italya sport.

 

Présence Japonaise semi- privée

 

Pour 1986 décision est prise de réduire la voilure en n’engageant  qu’une LC2 de manière ponctuelle et pas au Mans. A noter qu’un projet de reprise du programme par Jean Rondeau fut envisagé avant la mort accidentelle de ce dernier.

 

 

 1986 : De Martini à Mussato 

 

 

En 1986 le programme de l’équipe officielle débute avec les 360 kms de Monza. La LC2 y reçoit un capot avant sensiblement différent de la version sprint de 1985. Nannini -De Cesaris partent de la première place , obtenue avec 1,8 seconde d’avance sur la Porsche Joëst de Ludwig-Barilla !

 

En course la Lancia se bat pour la victoire avec la 962C de Stuck-Bell qui l’emporte avec 49 secondes d’avance. A Silverstone les 2 Italiens sont encore les leaders des essais avec encore 1,8 secondes d’avance sur Stuck-Bell… Hélas un problème de pompe à essence les éliminent alors qu’ils luttaient avec la Jaguar de Warwick-Cheever pour la gagne.

 

Dernière course d’une LC2 Martini

 

La course prévue ensuite se déroule à Nuremberg mais il n’en sera rien. Le pilote Giacomo Maggi se tue à bord d’une LC2 sur la piste d’essai de La Mendria. Cette tragedie et plus encore la mort de Toivonen et Cresto au Tour de Corse condamnent définitivement le programme Endurance de Lancia. Le Groupe B est mort, il va falloir développer une Groupe A de rallye et ne plus se disperser humainement et budgetairement…

 

Les LC2 003 et 006 sont alors vendues à Gianni Mussato qui pour ses premières courses reçoit une aide technique de l’usine et même le prêt de De Cesaris à Brands Hatch. Qualifiée 5ème,  la Lancia verte et blanche qu’il partage avec Giacomelli se bat en tête de la course avant de renoncer sur un problème de boîte de vitesse.

 

Une belle course pas récompensée

 

Giacomelli participe aussi aux 100 miles de Norisring, à la course Interserie de Siegerland et à la manche Supercup du Nurburgring ou il termine bon 4ème derrière 1 Jaguar, 1 Porsche usine et une 956 Joëst.

 

A Zeltweg lors de tests l’italien abime grandement la voiture qui, reconstruite, est rebaptisée 003B.

 

 

1987-1991 : Mussato and Co

 

En 1987 on voit peu la Lancia privée. Giacomelli et Konrad ne terminent aucune des 2  manches de la Supercup au norisring . A Kyalami pour les 500 kms Konrad -Frey finissent 7ème ( 9ème de la 1ère manche,  6ème de la seconde) ce qui sera le dernier résultat notable de la LC2.

 

 

En 1988 l’équipe engage la voiture à Monza. C’est un modèle modifié par Dallara côté suspensions et allégé avec portes et capots en fibre de carbone. Confiée à De Cesaris et Danner la Lancia abandonne sur problème de turbo.

 

 

Dernière course de 003B chez Mussato

 

003B est alors vendue au Dollop racing mécontent de son Argo C2 à moteur Motori Moderni. Le team l’engage à Silverstone,  au Mans,  à Brno et au Nurburgring sans aucun résultat. C’est au Mans ou la LC2 fait sa meilleure course. Naviguant longtemps autour de la 20ème place en compagnie des Nissan officielles , la Lancia est malheureusement victime d’une fuite d’huile qui endommagé le moteur dans la matinée

 

Une course régulière gâchée par 1 fuite d’huile

 

A noter que cette même année le chassis 006 est repris par Abarth pour y adapter le V10 de l’Alfa Romeo 164  procar en vu de tests pour un engagement officiel de la firme d’Arese en Endurance.

 

Arrière modifié pour accueillir le V10 3,5 litres type F1

 

Pour 1989 Gianni Mussato est de retour en championnat du monde avec un nouveau châssis, le 008. Forfait à Suzuka,  la belle rouge ne terminera qu’une course … hors classement au Nurburgring.

 

Une seule arrivée hors classement

 

Au Mans Copelli-Scapini ne peuvent se qualifier victimes d’un début d’incendie. On revoit encore ce châssis en 1990 mais seulement aux 24h du Mans. Qualifiée seulement 37ème derrière la meilleure C2, la LC2 (dénommée aussi SP90) de Monti-Magnani ne quitte pas le bas du tableau avec de longs arrêts dûs à la boîte de vitesse et au turbo.

C’est un accident qui met fin à la course de la Lancia quand une incompréhension entre Magnani et Sekiya la fait décoller et s’embraser au milieu des arbustes ! Magnani s’en sort heureusement avec seulement quelques brûlures et coupures.

 

Tout se finira entre Mulsanne et Indianapolis

 

En 1991 Mussato fournit un nouveau châssis au team Veneto , le 009 et participe à sa maintenance. Présente partiellement en championnat du monde, la LC2 déclare forfait à Suzuka, abandonne à Monza , au Nurburgring et ne se qualifie pas à Magny-Cours. C’est au Mans que l’on voit le plus longtemps la Lancia en course.

 

Coppelli et Giogio se qualifient 30ème sur 38 partants et sont de solides derniers dès le début de course suite à un changement de pare-brise. Le maintien de celui-ci posera problème et du scotch blanc finira par faire l’affaire! Des problèmes de turbo, d’alternateur, de pompe à essence et enfin de pignon de boite de vitesse immobilisent longuement la  rouge italienne. Elle termine évidemment non classée,  une triste fin de carrière pour une ex-reine des qualifications et des beaux débuts de course…

 

Une arrivée pour le plaisir…

 

Conclusion

 

La Lancia LC2 n’aura donc pas pu contrer réellement les terribles Porsche 956/962C malgré d’indéniables qualités de vitesse. Les raisons sont diverses : mauvais choix côté équipement pneumatique en début de programme,  fiabilité insuffisante de la boîte de vitesse, du moteur, du differenciel jusqu’en 1984 , consommation trop élevée du début à la fin du programme…..

 

Le budget de l’équipe Martini était aussi trop limité,  le rallye étant prioritaire avec une dispersion du personnel empêchant d’avoir tous  les meilleurs éléments. Les essais privés furent trop peu nombreux et Bob Wollek dira plus tard qu’il eut souvent l’impression que le but de l’équipe était avant tout de montrer que la LC2 était la plus rapide…. Quand à la période Mussato, le team Italien et ses alliers Dollop et Veneto n’avaient certainement pas le budget et les compétences suffisantes pur faire courir cette machine sophistiquée à l’électronique complexe.

 

On retiendra donc une belle auto au V8 mélodieux capable dans un bon jour de titiller les Porsche ce que personne d’autre ne sut faire avant Jaguar en 1986.

 

Crédit photos: Andrea Sofia, Ulli Andree, Nino Barlini,  Dan Morgan

 

Il était une fois les groupe C : la Lancia LC2

 

 

 

 

 

 

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