1984 marque le retour à la compétition de l’écurie Ecosse célèbre dans les années 50 pour avoir remporté à 2 reprises les 24h du Mans sur Jaguar Type D. C’est l’homme d’affaire Hugh Mc Caig et le journaliste Graham Gauld qui vont être les artisans de ce retour. Le but est de construire une C2 sur la base d’une ancienne Lola- De Cadenet Groupe 6, le chassis HU1-LM2 vu 5 fois au Mans.

 

Au final Ray MaMallock a qui est confié le travail ne gardera que quelques éléments du plancher et des pontaux latéraux en construisant un nouveau châssis tubulaire avec une Carrosserie très inspirée de « sa » Nimrod Viscount Downe en réduction.

 

L’Ecosse est de petite taille: courte, étroite avec un empattement réduit de 18 cms par rapport à la De Cadenet ce qui tranche face aux Alba ou Tiga GC84. Il s’agit de concilier tenue de route , maniabilité,  excellente vitesse de pointe et consommation mesurée. La carrière de l’Ecosse C284-Cosworth DFV 001 sera de courte car détruite dès sa 4ème course en Angleterre.

 

Auparavant son potentiel avait été mis en valeur par une belle 2ème place en C2 lors de sa première course à Monza et une belle vitesse de pointe lors de la qualification au Mans avec un DFV ex Formule 1 gorgé de chevaux.

 

 

Dépités mais pas abattus les Écossais firent construisent une 2ème auto pour 1985, la C285- Cosworth DFV 002. Ray Mallock libéré par la fin du programme Nimrod intégra pleinement l’équipe et devint pilote de la petite C2. Cette année de course ne fit que confirmer le potentiel de la voiture qui perdit 25 kgs grâce à une carrosserie composite Kevlar – fibre de verre. Toujours équipée d’un V8 DFV à arbres à came spéciaux favorisant souplesse et consommation l’Ecosse C285 remporta 3 manches en C2 et fit un beau début de course au Mans avant une panne moteur.

 

 

Pour 1986 une nouvelle auto, la C286 003 fit son apparition après un projet de C1 avorté suite au départ de son sponsor Bovis. Sous une apparence inchangée la nouvelle Ecosse intégra un V6 Austin-Rover, celui de la MG metro 6R4 de rallye! Beaucoup plus léger que le Cosworth, il permit à la C2 de gagner près de 50 kilos. Moins puissant (400 chevaux), il doit grace à son injection Lucas permettre de faire baisser la consommation. Pour son intégration la partie arrière du châssis est modifiée tout comme  les suspensions et les freins montés dorénavant outboard.

 

La voiture débute à Silverstone aux mains de Mallock et Wilds. Longtemps en tête avant une casse moteur dans le dernier tiers de course, la petite Ecosse avait prouver être en mesure de lutter avec la nouvelle Spice SE86.

Pour les 24h du Mans ce n’est pas une mais deux Ecosse qui vont concourir. Outre la C286 confiée à Mallock-Wilds et David Leslie, on retrouve la C285 équipée d’un Cosworth DFL toujours préparé chez Swindon racing engine pour les Américains Delano-Petery-Hotchkiss. Aux essais les 2 autos Écossaises sont très discrètes avec les 9ème et 16ème temps, loin de la Spice qui bat le record du tour en 3’40″47 malgré la nouvelle chicane avant le pont Dunlop.

 

 

En début de course la Gebhardt usine domine mais la Spice plus frugale est en tête au premier classement horaire. Peu de temps après un probleme de câble d’embrayage retarde Spice-Bellm-Martin et la Gebhardt reprend son bien. Elle va le conserver jusqu’à la 4ème heure lorsqu’une crevaison lente envoie Jean François Yvon dans le rail!

 

L’Ecosse-Rover relativement discrète jusque là prend la tête devant la Spice bien remontée mais qui vers 22 heures perd toutes ses chances avec un arrêt de plus de 2 heures pour un changement d’embrayage. L’ écurie Ecosse poursuit sa domination en devançant d’abord de 4 tours la Rondeau M379C de Del Bello à 23 heures puis de 8 tours l’URD de Jens Winter à 2 heures du matin.

 

 

Hélas une grosse flaque d’huile envoie Mike Wilds en tête à queue peu après 3h du matin et la Porsche de Jochen Mass heurte la petite C2. Si Mass était « out », le pilote Britannique parvenait à rentrer aux stands ou l’opération sauvetage dura 50 minutes. Berceau avant, bielettes de direction, capots furent changés ce qui permit à Ray Mallock de repartir ….toujours en tête de la catégorie avec un tour d’avance sur la Gebhardt de l’ADA engineering ! Plus que de gros problèmes entre temps chez la concurrence cette situation s’explique par la sortie du pace car (safety car aujourd’hui) à 3h23 suite à l’accident mortel de Jo Gartner ….

 

L’intervention durait jusqu’à 5h26 facilitant le maintien de l’Ecosse en tête de sa catégorie…. Malheureusement à 6h19 une crevaison sur les Hunaudières entraine la perte du capot moteur et arrache le radiateur d’eau ! La suite est assez rocambolesque !!

David Leslie réussit à rejoindre Mulsanne ou il collecte de l’eau de pluie dans un bidon pour refroidir autant que possible son V6 Rover…. Il repart ainsi jusqu’à Arnage ou il trouve un robinet et une bouteille vide qui vont le conduire aux virages Porsche ou l’attend ….un camion de pompiers !!! « Hélas » un commissaire sportif se trouvait là et disqualifiait la C286 pour ravitaillement d’eau illégal sur le circuit….

Tous les espoirs furent reportés sur l’Ecosse- Cosworth avec une 4eme place finale derrière la Gebhardt ADA, l’URD et la WM. Dommage que les Américains perdirent une heure suite à des soucis d’alternateur.

 

 

La Spice elle ne terminent que 6ème du groupe ce qui permit aux Écossais de grappiller quelques points supplémentaires au championnat. A Brands Hatch la C286 se venge en remportant le Groupe aux mains de Mallock et Leslie avec une belle avance sur la Tiga GC85 du Kelmar racing et une Spice de nouveau retardée.

 

 

Les Ecossais ont fait l’impasse sur les 360 kilomètres de Jerez et Spice-Bellm sortent vainqueurs devant ADA et Kelmar racing. Au Nurburgring la course fut divisée en 2 et de plus  courte durée suite à de nombreux accidents sous le déluge en début d’épreuve. Elle sourit de nouveau aux Écossais avec une nouvelle victoire et une belle 5ème place pour Mallock et Marc Duez, pilote de rallye Austin-Rover. Ils devancèrent de trois tours la Gebhardt usine et de 5 la Spice un peu chiffonnée sous la pluie.

A Spa-Francorchamps c’est une 3ème victoire de Rang qui attend l’Ecosse de Mallock-Duez un seul tour devant la Spice de Spice-Bellm à nouveau épargnée.

Le duel repris à Fuji ou les 2 concurrents ainsi que ADA engineering sont présents. Mathématiquement ils peuvent être tous les 3 titrés. Les Écossais battent Gordon Spice second avec un petit tour de marge , ADA finissant bien plus loin.

 

L’écurie Ecosse devient championne du monde avec deux petits points d’avance sur le Spice engineering ! Spice-Bellm se consolent avec le titre pilotes.

Notons que les points marqués au Mans par la 2ème Ecosse furent déterminants dans l’attribution du titre , les nouveaux champions en tiendront compte pour 1987 avec deux autos engagées quasiment à l’année contre une seule Spice …..mais l’union ne fait pas toujours la force.

 

 

* 1987 : Spice SE86/87– Cosworth

 

En 1986, comme nous l’avons brièvement vu, le Spice engineering concourt avec une toute nouvelle auto. Il s’agit de la SE86 ou plutôt les 2 premières années Spice Pontiac Fiero ….Ford Cosworth! Cette étrange appellation qui réunie  la GM et Ford s’explique par un contrat avec le premier constructeur mondial de l’époque. GM veut promouvoir sa petite auto à moteur central, la Pontiac Fiero et contacte Gordon Spice à l’automne 1985 pour qu’il conçoive un prototype lui ressemblant. Le but est de courir en IMSA en classe « Camel light », le C2 Américain. Spice accepte à condition de pouvoir faire courir la voiture en championnat du monde avec le moteur de son choix adapté au C2. Ainsi va se présenter sur les circuits une Spice Pontiac Fiero- Ford !

Un chassis monocoque est conçu par Graham Humphrys, la ligne élancée évoque la Fiero et un gros effet de sol est recherché à l’aide de tunnels déporteurs de grandes dimensions. Pour le reste un classique Cosworth DFL à injection Lucas, une boîte de vitesse Hewland à 5 rapports et des pneus Avon comme chez Ecosse complètent les caractéristiques de la Spice.

 

A Monza pour sa première course la Spice Pontiac termine 2ème du C2 deux tours derrière la Gebhardt officielle de Jelinski-Dickens. A Silverstone Spice-Bellm l’emporte après l’abandon de l’Ecosse C286-Rover devant ….leur ex Tiga GC85 rachetée par les Italiens du Kelmar racing. Après des 24h du Mans difficiles, une nouvelle victoire à Jerez puis des secondes places à Spa-Francorchamps et Fuji font de la Spice une vice championne du monde.

 

 

Le châssis 001 reprend du service en 1987 jusqu’au 24h du Mans. Gordon Spice associé à Fermin Velez remporte les 3 premières courses à Jarama, Jerez et Monza devant l’Ecosse de Mallock-Leslie. Si un tour sépare les 2 autos à Jarama c’est une trentaine de secondes qui les départagent sur les 2 autres manches!!! Les Ecossais reprennent la main à Silverstone et encerclent avec leurs 2 autos la Spice qui finit dans le même tour que Mallock-Leslie.

On s’attend à une confrontation serrée dans la Sarthe ou Spice-Velez-De Henning vont devoir affronter Mallock- Leslie-Duez sur l’Ecosse C287-Cosworth (exit le V6 Rover qui serait devenu payant en 1987) et Wilds- Delano-Petery sur la C286-Cosworth. Une 2ème Spice « Fiero » est engagée par le Chamberlain engineering pour Adam-Duxbury-Jones ( chassis 002) mais une fiabilité hasardeuse du 4 cylindres 1800 Hart turbo ne semble pas pouvoir faire obstacle aux Ecosse.

Adam réalise la pôle-position des C2 en 3’40″02 plus de 2 secondes devant Gordon Spice, les Ecosse étant de nouveau peu en vue aux essais. Le  début de course est marqué par la domination de la Tiga GC85 de Oudet-Sottty-Justice mais des soucis de direction laisse le champs libre à la Spice usine devant l’Ecosse de pointe. Les deux C2 restent proches l’une de l’autre jusqu’à la 3ème heure ou Mallock-Leslie-Duez prennent la tête.

 

La Spice est victime de problèmes de frein et de circuit de refroidissement puis vers 23 heures elle doit remplacer durites et disques de frein. Spice-Velez-De Henning roulent ensuite sans soucis et remonte franchement sur l’Ecosse en début de matinée. A 9 heures les Écossais perdent 15 minutes pour un changement d’échappement. La Spice jaune déborde une Ecosse en petite forme à la 18ème heure et celle ci va s’effondrer avec une heure perdue pour des problèmes de valve de dégazage et de boite de vitesse.

Le Spice engineering l’emporte donc avec en prime une belle 6ème place au classement général, l’Ecosse sauvant la 2ème place devant la Tiga de Los-Hessert-Wood qui termine à plus de ….30 tours de la C2 rouge

 

La Spice-Hart termine non classée après une cascade d’ennuis tandis que la seconde Ecosse a du abandonner à la 13ème heure sur problème électrique. Peu après Le Mans une manche de 200 miles se déroule au Norisring ou la Spice de Spice-Velez enfonce le clou en devançant d’un tour Mallock-Leslie et de 2 tours Bellm-Adams sur la nouvelle Spice Fiero SE87C 003. Ce châssis va être utilisé à partir de Brands Hatch pour Spice-Velez qui doivent s’incliner d’un tour face à Mallock-Leslie, Duez-Wilds finissant 3ème sur la seconde Ecosse rouge. Au Nurburgring surprise avec la victoire de la Tiga GC287 de Los-Wood devant l’Ecosse de Wilds-Percy. La Spice usine l’aurait emporté si une aide extérieure en sortie de stand n’avait pas entrainé sa disqualification alors que l’Ecosse de pointe tombait en panne …d’essence près du but !

A Spa-Francorchamps les deux Ecosse finissent 2eme et 3eme mais à 6 et 7 tours de la Spice, un gouffre!

 

La C2 Britannique a fait fort en devançant plusieurs Porsche 962C à Fuji et de nouveau les Ecosse repoussées à 7 tours. Le titre revient ainsi au Spice engineering et à Spice-Velez avec un avantage de 25 points sur l’écurie Ecosse et Ray Mallock et près de ….100 points sur le Kelmar racing et sa Tiga GC85 !!

C’est dire la domination des 2 équipes  dans le petit monde du C2 mondial …. Si jusqu’à Brands Hatch le duel était plutôt serré,  l’apparition du châssis 87 003 a fini par créer un écart certain entre les 2 autos. Il faut dire que ce châssis avait été allégé de 60 kilos grâce à l’emploi massif de carbone. L’écurie Ecosse quitte fin 1987 le C2 pour préparer l’arrivée d’Aston Martin en 1989 et laisse le Spice engineering et sa nouvelle SE88C bien seul en 1988.

 

Un grand merci à Michel Faust pour la mise à disposition de ses photos ainsi qu’à Luc Joly.

 

>Retrouvez ICI la première particle de l’article sur le Groupe C2<