Il était une fois… le Goodwood Revival

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Nous sommes un samedi de septembre dans le West Sussex en Angleterre. Je suis installé dans la tribune face aux jolis stands blancs surannés du circuit alors que passent devant moi dans un doux vacarme Maserati birdcage, Lister-Jaguar,  Ferrari 246S ou Lotus 15.

 

 

En tête la lutte fait rage entre la Ferrari et 2 Lotus XV. Le préposé au classement modifie sur son support les numéro des leaders si besoin à chaque tour. Autour de moi les femmes portent de jolies robes des années 50 ou 60 et souvent des chapeaux,  les hommes des casquettes ou des Panamas souvent associés à un costume 2 ou 3 pièces…. Serais je revenu au début des années 60 grâce à une faille Spacio-temporelle, à la fameuse De Lorean de  » retour vers le futur » ou tout simplement grâce à un joli rêve ? Eh bien non ! Je suis au Goodwood Revival 2023 ou l’on fête les 75 ans de ce superbe circuit.

 

Un peu d’histoire !

 

Le circuit de Goodwood est né en 1948 à l’initiative du 9ème Duc de Richmond, Frederik Gordon-Lennox. Pilote et même directeur d’écurie dans les années 20 et 30 il fait construire le circuit sur ses terres où une base militaire avait été établie durant la seconde guerre mondiale. Un des premiers lauréats de ce nouveau circuit long de 3,380 kms fut le jeune Stirling Moss, 19 ans qui remporta la course des monoplaces de 500cm3.

 

Moss prêt à en découdre.

 

Reg Parnell remporta quand à lui la prestigieuse course de Formule 1 sur une Maserati 4CLT. Jusqu’en 1966 Goodwood accueille de nombreuses courses dont les joyaux furent la course de Formule 1  hors championnat jusqu’en 1963 , l’ épreuve d’endurance de 9 heures en 1952, 53 et 55 et le RAC Tourist Trophy de 1958 à 1964. Aston Martin remporte les 3 courses longues avec sa DB3 puis DB3S face à des Jaguar C puis D ou des Ferrari 225S. La firme récidive au Tourist Trophy en 1958 et 1959 avec sa DBR1 ce qui qui lui offre le titre de champion du monde en 1959 contre Ferrari ou Porsche.

 

Aston Martin vainqueur en 1959

 

Ferrari et ses glorieuses SWB puis GT0 prend le relais de 1960 à 1963 ce qui offre à Stirling Moss 4 victoires d’affilé partagées entre les firmes Anglaises et Italiennes.

 

Moss et la 250 swb de Rob Walker

 

Malheureusement les performances de plus en plus élevées des Formule 1 ou prototypes rendent le circuit caduque sans l’ajout de chicanes ce que refuse le Duc de Richmond. Le circuit survit quelque temps pour des essais privés,  c’est d’ailleurs à cette occasion que Bruce McLaren se tue en 1970 au volant d’une de ses Can-Am.

 

Une renaissance triomphale

 

A la fin des années 90 le circuit est restauré et revit en 1998 lors du premier Goodwood Revival. C’est le petit fils de Frédéric Gordon-Lennox,  Charles plus connu sous le nom de Lord March qui est à la manœuvre. Avec son équipe il décide de proposer des courses variées avec les autos  ayant participé aux épreuves à l’époque ( et parfois quelques invitées prestigieuses ou exotiques) Formule junior, Formule 3, Formule 1, Can Am,  Saloon cars, petites et grosses GT, sport prototypes sont ainsi conviés à retrouver ce lieu historique.

 

Le tracé ayant été restauré à l’identique – stands compris- il est demandé aux concurrents et spectateurs de s’habiller à la mode 1948/ 1965 ce qui va participer grandement au succès de ce show  incroyable !

 

Le souci du détail !

 

Au début des années 2000 on compte 30 000 spectateurs, 90 000 en 2009, 200 000 en 2023 sur 3 jours de manifestation !!! De quoi rappeler le succès d’un certain …Mans Classic.

 

 

Goodwood en 2023

 

 

Nous pénétrons directement dans les parkings les plus emblématiques,  celui réservés aux véhicules d’avant 1966 et celui prévu pour les autos entre 1966 et 1983. C’est déjà un premier spectacle de voir toutes ces voitures à perte de vue qu’elles soient rares ou populaires .

 

Entre 2 copies de Bentley speed 6  » blue train », des Gordon-Keeble V8, une Gilbern Invader, des Ferrari 275 GTB ou 330 GTC, une AC 428 cabriolet mais aussi de plus classique Mini, MG, Triumph,  Ford, Austin Healey, Alfa Romeo,  Fiat, Lancia , Porsche ou BMW il y a de quoi se rincer l’œil!

 

Quand Bentley faisait la course avec un train

 

L’entrée bien plus en amont qu’auparavant propose les stands de nombreux marchands, les manèges à l’ancienne, un cinéma en plein air…. Vous pouviez y découvrir une Aston Martin DD5 en restauration, des Alfa Romeo 6C ou 8C qui ont fait les beaux jours de la Mille Miglia d’avant guerre, une superbe Maserati 3500 Gt restaurée, une Jensen 541…

 

Un peu de Mille Miglia à Goodwood

 

Skype faisait la promotion du film « Ferrari » en exposant une superbe 500 mondial Scaglietti Spider.

 

Ambiance star de cinéma pour cette 500 mondial

 

 

Une charmante photographe  pouvait vous immortaliser avec la belle Italienne ce que j’ai fait avec plaisir ! On y trouvait aussi la partie dédiée à Bonhams cars pour sa vente aux enchères. Nous avons déambulé autour d’un joli utilitaire Ford aux couleurs du team Lotus, d’une Opel manta 400 Groupe B, de Mini Cooper S rendues luxueuses par le carrossier Radford ou d’une rare Lancia fulvia transformée en barquette pour évoquer la version usine  » targa florio » .

 

Une Groupe B emblématique

 

Pour rejoindre le circuit il faut maintenant traverser une passerelle. Là encore vous avez mille raisons de vous émerveiller sans avoir vu une seule auto tourner! Le thème de l’animation cette année était le cirque et nous avons pu voir en passant devant l’arène créé un type tout mince « avaler » des poignards aiguisés… gloups !

 

Plus sympathique étaient les différents groupes ou chanteurs installés ici ou là qui faisaient danser certains spectateurs.

 

Un Rock endiablé !

 

 

Des boutiques d’automobilia,  des vendeurs de vêtements vous font de l’œil pour repartir avec des livres, des affiches , des miniatures ou des fringues vintage pour améliorer votre look sur place.

 

Des coiffeurs peuvent même vous faire la coupe des Beatles première période ou une banane Rockabilly.En passant sous le circuit vous accédez à la reproduction du bâtiment Art Déco du salon auto de Londres. Lotus, Jaguar/ Land Rover et Mini y présentaient leurs Best sellers d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

 

Jaguar D d’hier ou d’aujourd’hui

 

Quelques paddocks sont accessibles, l’occasion de découvrir les plateaux motos, Saloon cars ou les types  » Le Mans » des début des années 50 ou 60.

 

Il y a bien évidemment des grands classiques tel que les Maserati 200, Birdcage, les Jaguar type C et D, les Lister, Cooper bobtail mais aussi de plus exotiques HWM- Jaguar,  Hansgen special sur base  XK120, barquette Gomm sur base XK140 ou Pycroft vu ici même en 1948 basée sur la SS100 d’avant guerre.

 

La sculpturale Pycroft

 

Côté Tourisme une monstrueuse Ford Thunderbird série 2 côtoyait de « sages » Ford Zéphyr, Austin A35, A40 ou A105 6 cylindres, Saab 93 ou de plus sportives Jaguar MK1 et Alfa Romeo Giulietta TI.

 

Romain Dumas s’est régalé à son volant

 

L’ambiance est très décontractée et notre marché nous conduit à la partie aviation où trônent de petits avions de tourisme et les fameux Spitfire de la seconde guerre mondiale.

 

Un Spitfire très entouré

 

Nous avons globalement fait le tour du circuit à pied  avec des pauses en tribune pour assister à plusieurs courses. Lorsque vous vous retrouver à l’autre bout du tracé c’est à dire Lavant corner ou St Mary’s par exemple vous êtes beaucoup plus au calme et l’herbe et les meules de foin remplacent le béton et l’agitation. En cas de coup de mou des tracteurs d’époque équipés de remorques avec bancs  servent de bus tout au long du circuit.

 

Hep chauffeur !

 

Et les courses me direz vous ? Elles sont en général intenses, ici pas de procession prudente de peur de casser sa belle ancienne: les propriétaires ou les pilotes professionnels à leur volant s’en donnent à cœur joie !

 

Il y avait du beau monde avec de nombreux coureurs s’etant illustrés en Formule 1 ou au Mans ; citons Tom Kristensen, Benoît Treluyer, Jensen Button et Jimmie Johnson équipiers aux 24h sur la Nascar, Romain Dumas,  Karun Chandhok, Jochen Mass, Tiff Needell,  Darren Turner ou même Richard Attwood le vainqueur du Mans 1970. Tous ou presque pilotaient sur plusieurs épreuves.

 

La lutte fut sublime en Saloon cars entre Button sur Alfa Romeo Giulietta TI, Johnson sur Austin A40 et Treluyer sur Austin A105 pour la 4ème place,  Romain Dumas et sa Tbird étant intouchables devant Huff sur Jaguar mk1 et Tom Kristensen bien remonté avec son Austin A90.

 

Des bagarres surprenantes en Saloon cars

 

La course des Ferrari 250 vit la victoire de Rob Hall et sa 250LM . Il faillit tout perdre en sortant de la route à St Mary’s dans les premiers tours mais réussit à repartir et à remonter tout le peloton pour finir devant Emmanuele Pirro brillant second avec une 250 swb aux couleurs de l’écurie francorchamps et Alexander Ames sur la fameuse breadvan.

 

 

Hall devant Pirro.

 

A noter la frayeur de Karun Chandhok sur une GT0 qui prit brièvement feu en sortant de Lavant’s corner suite à une casse moteur. Heureusement le pilote Indien put très vite se garer et s’en tira sans dommage sauf pour une de ses bottines fondue! La course du Tourist Trophy fut perturbée par la pluie, entraînant même un drapeau rouge avec la sortie de piste de la seule Bizzarini 5300GT engagée. Les Cobra roadster qui dominaient jusqu’alors durent céder devant les Jaguar E de Paul/Priaux et Kent/ Minassian.

 

Corvette vs Type E

 

Le centenaire des 24h du Mans n’avait pas été oublié par les organisateurs, la coupe Rudge-Whitworth faisant la part belle aux pionnières de la course Sarthoise. Cette épreuve de 36 minutes avec changement de pilote et départ type Le Mans proposait de nombreuses Bentley Blower ou 3 litres, des Bugatti type 44 et 50, une Mercedes SSK, 1 Alfa Romeo 8C LM ou une Lorraine-Dietrich B3-6 engagée par l’ACO et qui finit 3eme de l’épreuve en 1925. C’est une Bentley Speed model 1925 qui l’emporte devant la Bugatti type 44 et une Vauxhall 30/98 sous les applaudissements nourris du public.

 

Lutte Bentley – Bugatti

Enfin signalons quelques sympathiques commémorations ou anniversaires.

 

Les 75 ans de Lotus,  les 100 ans de Carroll Shelby avec de nombreuses autos qu’il a piloté ou créé,  les 60 ans de la Porsche 911 avec une course dédiée ou les 50 ans du dernier titre de champion du monde de Formule 1 de Jackie Stewart

 

AC Cobra 289 commémorative

 

Pour l’occasion l’écossais fit 3 tours avec sa fringante Tyrrell-Cosworth de 1973.

 

2 jacky / ie de légende

 

Voilà donc une liste -non exhaustive !!-  de ce qu’est le Goodwood Revival,  de quoi vous donner j’espère envie de venir le découvrir ou de le suivre via sa chaîne you tube tranquillement chez vous l’année prochaine !

 

Crédit photos Nino Barlini,  Xavier Z

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